Une œuvre unique
Mon ami Bao s’éloigne du cadre ordinaire de la bande dessinée. Il n’y a pas de case ni de bulle. En fait, il s’agit d’une œuvre unique dont il est assez difficile de classer dans une catégorie. Pour simplifier les choses, disons qu’il se situe entre le roman illustré et le conte.
Le style est très épuré. On peut, par exemple, retrouver sur une « grande » page blanche que quelques mots et, sur l’autre, un dessin tentant d’expliquer ce qui a été dit. Les illustrations proviennent de Katty Maurey, une illustratrice qui s’est fait connaître pour son travail sur Renaud le petit renard.
On retrouve d’ailleurs dans les dessins le même style enfantin et sans prétention que dans l’album jeunesse. Mais attention. Cela ne veut pas dire qu’ils sont inintéressants. Bien au contraire, ils sont un complément essentiel à l’histoire racontée par Stéphane Lafleur. J’ai même passé de longues minutes à admirer certaines illustrations, comme j’aurais pu le faire au musée, en contemplant des tableaux célèbres.
L’histoire de Mon ami Bao est somme toute assez simple, mais touchante et très poétique. Le narrateur nous présente d’abord l’histoire de Bao Xinshun, un homme qui, à l’âge de 21 ans, mesurait 7 pieds et 9 pouces. On suit ainsi son parcours pas toujours facile à l’école, en plus d’assister à l’incompréhension des médecins face à sa grandeur inhabituelle.
La seconde moitié du récit se concentre sur Gisèle, une femme qui semble être l’amie du narrateur. Elle semble souffrir d’un mal intérieur (qui s’apparente probablement à la dépression). Le narrateur semble faire tout son possible (parfois en recourant à des moyens pas très orthodoxes) pour qu’elle retrouve sa bonne humeur. Mais ce n’est pas toujours facile.
Tout sauf un sprint
Si votre but est de terminer le plus rapidement possible la lecture de cet album, vous risquez de le compléter en seulement quelques minutes. En revanche, je crois qu’il s’agirait là d’une grave erreur. Vous risquez de ne pas comprendre le message qu'il renferme et vous passerez par-dessus de magnifiques illustrations.
Cette œuvre ne mérite pas qu’on la brusque. Il faut la prendre en douceur et la savourer doucement. On lit une phrase et ensuite on admire l’illustration qui l’accompagne en allant faire un petit tour dans nos pensées.
Verdict
Grâce au travail exemplaire de Katty Maurey, Stéphane Lafleur nous prouve qu’il est également très doué dans le domaine littéraire. Avec Mon ami Bao, il signe une œuvre d’apparence épurée et simple, mais qui cache, si on prend la peine de chercher, quelque chose de bouleversant.
Cote : 4 étoiles sur 5
La Pastèque