Je n’avais pas lu la première édition de Nicolas. Ça a donc été pour moi une réelle découverte. La première chose qui saute aux yeux, c’est évidemment le dessin : un dessin brut (pas de crayonné ni de découpage) qui rappelle parfois le croquis. C’est comme si le bédéiste avait dessiné le tout d’une traite ; qu’il n’avait jamais osé revenir en arrière ou effacer, ne serait-ce qu’une seule ligne.
Ce dessin, qui n’a pas été poli inutilement, permet de se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire les émotions. Il n’y a aucune barrière ni voile entre l’auteur et le lecteur. Nicolas n’est pas la première bande dessinée à traiter du deuil. Mais contrairement à bien d’autres œuvres semblables, on sent une implication totale du bédéiste.
Comme je l’ai dit, la réalisation de cette BD n’a pris que quelques jours, mais c’est comme si pendant cette période, il avait donné tout ce qu’il avait.
Les dialogues ne sont pas très évolués, c’est vrai. Par contre, certaines remarques nous vont droit au cœur par leur sincérité et leur candeur. Et de toute façon, plus c’est complexe et plus c’est difficile de faire passer un message.
En tout cas, pendant ma lecture, certains passages m’ont profondément ému par leur douce simplicité. La forme carnet de l’œuvre donne justement l’impression que nous tenons entre les mains un journal intime, que nous pénétrons dans le jardin secret de l’auteur.
Les dernières pages contiennent une nouvelle section consacrée à l’autre frère de Pascal Girard, Joël. Dessinée spécialement pour cette nouvelle édition, cette histoire a été illustrée de la même façon ou presque. En fait, il est difficile de ne pas voir de différence entre les deux. On remarque immédiatement l’évolution dans le style. Le trait est plus confiant et plus précis. Il y a moins d’hésitation. C’est normal! Une décennie s’est écoulée entre les deux!
Cette nouvelle histoire est moins triste que la première et c’est une bonne chose. Elle permet de faire pencher un peu la balance du côté de la lumière. Elle permet également de voir que l’auteur a des liens complètement différents avec son autre frère.
Verdict
Nicolas est une œuvre d’une grande spontanéité. Elle traite d’un sujet difficile – le deuil – sans pour autant tomber dans le mélodramatique ou le récit larmoyant. Comme quoi aller à l’essentiel demeure, dans bien des cas, la meilleure chose à faire!
Mécanique générale
Cote : 4 étoiles sur 5