Hier, j’ai eu un pincement au cÅ“ur. Un gros pincement en fait. Quand j’ai appris que Nintendo ne renouvelait pas son contrat avec Future Publishing concernant la publication du magazine Nintendo Power, le joueur que je suis et qui a grandi avec ce mensuel a subi tout un choc. J’avais de la difficulté à croire que ce magazine, bien visible sur les tablettes des marchands depuis 1988, allait bientôt n’être qu’un souvenir. En fait, la fin de l’année 2012 coïncidera avec le glas de cette mythique revue puisque Nintendo a tôt fait de confirmer la mort de Nintendo Power, tout en annonçant que l’édition du mois de décembre prochain sera la dernière.
Pour ceux qui ont connu les belles années de Nintendo Power, à l’époque où ce dernier était LA référence en matière de jeux vidéo, ce ne sont pas que des feuilles entre deux couvertures qui disparaissent, mais bien une institution. Comme pour moi, Nintendo Power a marqué une génération de joueurs qui ont vieilli avec les consoles de Nintendo. Nintendo Power, ce n’est pas qu’un magazine pour ces personnes, c’est un amalgame de souvenirs qui, aujourd’hui plus que jamais, nous reviennent en tête.
En repensant à Nintendo Power, j’ai des souvenirs de p’tit gars qui émergent spontanément dans mon esprit. Je me souviens du tout premier exemplaire que j’ai reçu et que j’ai fièrement apporté dans la cour d’école. Il mettait de l’avant le jeu NBA Jam avec la mascotte des Bulls de Chicago. Je me souviens du jour où mon oncle m’a donné sa collection de Nintendo Power afin que j’en sois le gardien. Je me souviens aussi des bandes-dessinées de Mario, Star Fox et Zelda que je me plaisais à lire chaque mois. Je me rappelle des bonis du magazine comme la fameuse affiche de Zelda: Ocarina of Time qui accompagnait une édition en or du mensuel ou encore ce fameux petit papier avec des odeurs nauséabondes qui servait de promotion au jeu Earthbound. Ça sentait mauvais, mais toute ma gang a gratté le papier au point de le déchirer pour le sentir! Je me souviens aussi des concours auxquels j’ai participé en battant sans cesse mon meilleur score dans divers jeux pour gagner des exclusivités, avant de me rendre compte que le Québec était exclu de ces concours… Ah! oui, et comment oublier les agrafes qui déchiraient l’affiche contenue dans chaque édition du magazine! Tout ça, ce ne sont que quelques-uns des souvenirs qui me reviennent en tête quand je repense à ce grand magazine.
Cela étant dit, la mort de Nintendo Power n’est pas tout à fait surprenante. Ça m’a donné un choc, certes, mais après le coup de massue, je me suis rendu compte que le trépas du magazine est une suite logique dans le combat que perd la presse écrite au profit du Web. Depuis la popularisation de l’Internet et sa plus grande accessibilité au sein de la population, il devient très difficile pour le format écrit de combattre l’univers numérique. Alors que ce dernier nous a habitués à l’instantanéité de l’information, les rédacteurs de magazines doivent travailler deux fois plus fort afin de trouver des exclusivités concernant des produits n’étant pas déjà couverts dans un univers où l’information circule très rapidement. Du coup, lire un article en format papier sur quelque chose dont on peut facilement obtenir une quantité phénoménale d’informations en format numérique rend le magazine beaucoup moins attrayant, sauf pour se distraire sur un bol de toilettes. Et quand on ajoute les vidéos au lot, le magazine perd carrément tout attrait.
Malgré tout, aujourd’hui, le joueur que je suis ayant connu les années 80 et 90 du jeu vidéo regarde sa pile de Nintendo Power avec nostalgie et, je l’avoue, un peu d’émotion. Et dire qu’un jour, mes enfants, par pure innoccence, me demanderont en regardant cet amas de papiers : « Papa, pourquoi tu gardes un paquet de cochonneries comme ça? ».