Nunavik n’est pas une vraie suite à Mile End. En fait, l’album ne se déroule même pas dans ce populaire quartier montréalais. Comme le titre le laisse croire, l’action se passe plutôt au nord, dans un endroit où peu de Québécois iront : le Nunavik.
L’histoire commence alors que Michel se cherche. Il a l’impression qu’il tourne en rond. Il essaie d’écrire la suite de Mile End, mais n’arrive à rien. Il n’a pas d’inspiration. Puis, l’idée lui vient d’aller dans le nord du Québec. C’est comme si cette région l’appelait, qui n’avait pas le choix de s’y rendre. Même si sa conjointe est plus ou moins d’accord avec son choix (ils ont un jeune bébé), il décide de faire ses valises et de partir quelques semaines.
Arrivé là-bas, certaines personnes sourcillent quand il répond qu’il est là pour le tourisme. On lui dit que les touristes sont quasi-inexistant dans cette région. Mais bon! Peu de gens se formalisent au final de ses raisons et l’accueil des Nunavimmiuts est en général très bon.
Pendant les semaines suivantes, il va apprendre à mieux connaitre ce peuple méconnu pour bien des Québécois. Durant son périple, il va visiter plusieurs de leurs villes, dont Kuujjuaq et Puvirnituq.
Il existe beaucoup de préjugés entourant le nord du Québec. L’un des plus tenaces est celui de l’Inuit incapable et alcoolique. Avec un traitement très humain, Michel Hellman arrive à briser la majorité de ces clichés.
Oui, l’alcool prend une certaine place dans son récit, mais, en même temps, il ne fait pas l’erreur de mettre tout le monde dans le même bateau.
C’est vrai. Dans certaines scènes nous voyons des habitants du Nunavik en état d’ébriété. En revanche, dans d’autres séquences, ces derniers sont aussi présentés comme des personnes courageuses, serviables et débrouillardes.
Plus qu'un documentaire
Contrairement à un « simple » documentaire, Nunavik nous met au coeur de l’action. Chaque fois qu’il nous montre quelque chose, Michel Hellman le fait de manière très personnelle. On sent que l’auteur est très impliqué émotionnellement.
Un peu partout dans son récit, le bédéiste met le doigt sur certains problèmes dont nous préférons ignorer l’existence, ici, dans le sud. Bien sûr, je l’ai mentionné plus haut, il y a les problèmes de consommation. Il n’y a pas que ça.
Les Inuits semblent être ceux qui souffrent le plus du réchauffement climatique. La hausse globale des températures affecte directement leur mode de vie. Il y a également le problème des ressources qui sont extrêmement limitées au nord du 55e parallèle.
De l’autre côté, Nunavik nous réserve quelques belles surprises. Avec un trait simple, mais d’une rare efficacité, Michel Hellman nous rappelle que cette région est l’une des plus belles au monde. Dommage que la plupart des gens préfèrent l’ignorer!
Verdict
Tout en nuances, Nunavik dresse un portrait humain des Inuits et de leur magnifique territoire. Même si ce n’est pas la suite qu’on attendait, cet album est probablement aussi bon qu’un hypothétique Mile End 2. À lire de toute urgence!
Nunavik
Michel Hellman
156 pages
Éditions Pow Pow
Cote : 4,75 étoiles sur 5.