J’ai décidé de parler de ce dossier, car j’ai été un peu insulté de la couverture médiatique qu’en ont fait nos médias locaux. Je lis beaucoup de journaux, de revues et de blogues, et c’est au Québec qu’on a le plus ignoré ce vol. Les journaux américains et canadiens en parlent dans leurs grands titres alors qu’au Québec, ça passe dans les sections insolites et de faits divers. On est plus occupés à parler des clowns en campagne électorale que des vrais enjeux qui touchent le vrai monde.
Comprenez-vous que l’industrie du sirop d’érable au Québec est très précaire? Le réchauffement climatique est réel, même les climato-septiques auront du mal à contredire le fait que, depuis quelques années, on prend une bière sur la terrasse en shorts au mois de mars. Ces variations de températures ont des impacts désastreux sur la production acéricole.
Les températures plus clémentes en hiver peuvent être agréables pour nous, mais les érables, eux, voient leurs cycles affectés. Cela fait en sorte que les dates d’entaillage sont de plus en plus hâtives; la période de production s’en trouve donc plus courte et moins importante (Agriculture et Agroalimentaire Canada, 2012). Un gel du sol tardif peut également affecter la production de sève. On ne parle même pas des autres impacts liés aux changements climatiques qui touchent nos érables, comme les pluies acides et les inondations.
Donc, lorsqu’on annonce qu’un vol de plus de 10 millions de livres de sirop a été commis et que je l’apprends d’un média américain, je pète ma coche. Certes, l’entrepôt était assuré, donc personne ne va perdre d’argent (sauf la compagnie d’assurances, bouhou), mais il faut voir plus loin; c’est 10 millions de livres de sirop qu’on ne verra pas sur nos tablettes. Ce sirop sera probablement distribué à travers le pays et chez nos voisins du sud. Sans oublier que c’est 30 millions de dollars (valeur estimée du vol) qui va se retrouver dans les mains d’organisations criminelles.