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Oui ou non à la prostitution?

Auteur: Jasmin Tremblay
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Oui ou non à la prostitution?

Situation

Ça fait un an que Julie ne nous salue plus lorsqu’on la croise. Elle a abandonné l’école, mais elle semble tout de même bien occupée. Au centre-ville, elle a constamment le pas rapide, comme si quelqu’un ou quelque chose d’important l’attendait. À 17 ans, on peut considérer que Julie a commencé à se prostituer sur le tard par rapport à la moyenne. La première « pipe » que Julie a faite pour de l’argent l’a tellement dégoûtée. La deuxième aussi. La troisième moins, mais maintenant, elle a développé la technique de la déconnexion, c’est-à-dire qu’elle met son cerveau à off lorsqu’elle commence à se déshabiller ou à se faire toucher; ça se voit dans ses yeux. Les odeurs et les saveurs sont ainsi plus faciles à faire passer.

Au début, Julie se sentait en contrôle et en puissance. Elle trouvait flatteur l’idée que des gars la rémunèrent par désir pour elle. Soutenue par son pimp, elle avait le sentiment d’être aimée et d'être en sécurité. Jusqu’à un jour de décembre, où elle trouvait qu’il faisait trop froid pour aller vendre son cul à un client ayant contacté son proxénète sur Facebook. L’illusion de sécurité a pris le bord quand c’est justement son proxénète qui l'a battue pour lui rappeler qu’il était prioritaire qu’elle soit rentable.

Ça fait bien rire Julie lorsqu’elle entend que le gouvernement devrait réglementer le travail du sexe. « Y sont même pas capables de sortir les criminels des chantiers de construction et des différents paliers de gouvernement, pis y pensent qui seront capables de sortir les bandits de l’industrie du cul… Belle naïveté de marde! », se dit-elle.

Explication

Pour s’expliquer un phénomène, on doit prendre connaissance des informations les plus à jour chez nous. Selon le rapport du Conseil du statut de la femme du Québec ayant pour titre La prostitution : il est temps d’agir (2012), l’âge moyen auquel une personne entre en situation de prostitution au Québec est de 14 ans. Pensez-vous qu’un ado de cet âge est en mesure de faire des choix éclairés quant à son avenir? Les facteurs qui piègent les jeunes sont nombreux. Ils peuvent aller de la famille dysfonctionnelle à des situations de pauvreté, combinées à un besoin de consommer objets au début et substances par la suite, le tout dans une perception souvent négative de la victime face à sa propre image. Toujours selon ce rapport, 9 femmes qui se prostituent sur 10 sont dans l’obligation de rendre des comptes à un pimp (proxénète). On est donc loin d’une relation sexuelle entre deux adultes consentants. En ce sens, dans la majorité des cas chez nous, le phénomène de la prostitution touche de près ou de loin au crime organisé relié à l’exploitation sexuelle et au trafic de stupéfiants.

Solution 

Consommer des personnes, en voilà une idée absurde. Il faut dire que les pseudo-célébrités en mal d’attention, combinées aux grands penseurs marketing de ce monde nous désensibilisent au concept de la femme-objet depuis un bon moment déjà (voir chronique sur L’hypersexualisation : eux (partie 1)). Ce qui m’irrite le plus dans le phénomène de la prostitution, c’est que le débat est centré sur ceux et celles qui se prostituent, mais semble très éloigné du rôle pervers et majeur que jouent les clients, ainsi que du rôle de ceux qui mettent en marché les victimes. Les solutions proposées dans le rapport du Conseil du statut de la femme du Québec vont dans le sens de sanctionner l’offre (proxénètes) et la demande (clients), en plus d'instaurer des services d'aide pour sortir les victimes des situations de prostitution. Et vous, qu'en pensez-vous?

Pour en savoir plus sur le rapport La prostitution : il est temps d’agir, cliquez ici.

En passant, ami lecteur, question de détruire le mythe, le plus vieux métier du monde, c’est la chasse…

Note à moi-même : Écrire sur les leaders lors d’une prochaine chronique.

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