Pour un être qui se dit « intelligent », l'humain n'apprend pas très vite...
Auteur: Denis PedneaultÀ LIRE AUSSI: Ces exercices que vous ne devriez jamais faire (partie 5)
Mise en contexte
Ma femme et moi sommes de grands amateurs de vieux longs métrages. L’un de nos passe-temps favoris consiste à visionner les classiques cinématographiques des années 40, 50 et 60. Il n’y a pas si longtemps, nous regardions pour une énième fois le film The Seven Year Itch. Pour ceux qui chercheraient en ce moment dans leur mémoire, il s’agit du fameux film culte dans lequel on voit Marilyn Monroe se tenir au-dessus d’une bouche de métro et où elle se met à rire alors que sa robe vole au vent, au grand plaisir de Tom Ewell (acteur principal) et, j’imagine, de l’équipe de tournage.
Malgré toute l’admiration que nous éprouvons pour le cinéma de ce temps, une chose qui nous fascine (et nous consterne à la fois) chaque fois que nous regardons des films de cette époque est à quel point tout le monde fume et boit sans arrêt. Dans toutes les maisons, les salons et les bureaux, il y a toujours quelque part un minibar dans lequel on peut trouver tout ce qu’il faut pour concocter apparemment tous les types de cocktails… et évidemment, le propriétaire connaît toujours les recettes par cœur! En fait, on peut même dire que les scènes où on ne voit pas un acteur avec un verre ou une cigarette à la main sont plutôt rares!
Le film la démangeaison des sept ans exploite particulièrement ce phénomène, alors que le personnage de Richard (Tom Ewell) éprouve de la difficulté à résister à la tentation de boire et de fumer (sous la recommandation de son médecin), pendant que sa femme et son garçon sont en vacances. Il s’agit même de l’un des principaux éléments satiriques du film, car cette allusion revient constamment au cours de l’histoire. Le film fait également référence au surmenage et à l’incontrôlable fixation qu’ont les hommes pour les femmes. Ce film a été réalisé en 1954 et est sorti en salles en 1955. Cela veut dire que déjà, en 1954, il était reconnu que fumer et boire étaient nocifs pour la santé et que la dépression liée au travail et à un rythme de vie effréné représentait un problème grandissant!
Soixante ans se sont écoulés depuis et je me rends compte que rien n’a changé, ou très peu… En fait, je ne comprends même pas pourquoi il y a encore des gens qui « commencent » à fumer. Je peux comprendre la situation des gens qui ont vécu à cette époque, mais je ne m’explique pas celle d’aujourd’hui. Dans les faits, la toute première étude publiée reliant le cancer des poumons au tabagisme date de 1950, tandis que le premier avertissement global du Surgeon General (États-Unis) disant que « la cigarette peut être nocive pour la santé » date de 1964 (donc déjà 50 ans aujourd’hui)!
Analyse du dossier
Soixante ans, cela représente environ cinq générations… Cela veut dire que la personne qui vivait ce style de vie dans la trentaine à ce moment-là (si elle est toujours en vie) a maintenant au moins 90 ans. Disons qu’on peut excuser son comportement parce qu’elle faisait partie des « premiers » à être mis au courant et aussi parce qu’à cette époque, et comme il est abondamment exprimé dans le cinéma, tu as l’air bien plus cool et « dans le vent » avec une cigarette…
Les enfants que ces parents ont eus dans la vingtaine devraient maintenant avoir 70 ans. Supposons qu’on est encore une fois tolérant envers cette deuxième génération en se disant qu’ils ont vécu dans un environnement « pollué » et leur montrant un mauvais exemple, on peut présumer qu’ils étaient « vulnérables » et tentés de reproduire le comportement de leurs parents malgré l’avertissement médical…
Leurs enfants maintenant, qui devraient avoir autour de 50 ans aujourd’hui, commencent déjà à avoir moins de matière à « excuser » leur comportement après deux générations « d’avertissement » (du moins d’un point de vue purement critique). C’est d’ailleurs particulièrement cette génération qui a fait les premiers vrais efforts pour tenter d’arrêter de fumer. Supposons que nous sommes « généreux » dans notre verdict et qu'on leur « pardonne » parce qu’ils ont vécu les années 70 et 80…
Leurs enfants, dont moi-même, ont pour la plupart aujourd’hui plus de 30 ans. Ceux-ci ont non seulement évolué dans un environnement où les adultes essayaient d’arrêter de fumer, mais ont aussi été exposés à cette campagne de sensibilisation massive contre le tabac. Dans cette optique, et après déjà des décennies d’avertissement, on est en droit d’espérer qu’aucun de ces enfants n’aurait dû « commencer » à fumer. C’est effectivement le cas pour plusieurs d’entre nous. Cependant, je ne m’explique pas cette partie de la population qui a fait « comme si de rien n’était » et qui a perpétué cette habitude clairement étiquetée comme étant dangereuse et meurtrière…
Le pire des contextes est celui d’aujourd’hui, où je ne m’explique pas que les enfants de cette génération, qui sont en ce moment des adolescents, commencent à fumer! Ces enfants qui grandissent actuellement dans ce monde où non seulement les grands-parents ont, pour plusieurs, fait de gros efforts pour arrêter de fumer mais où la majorité des parents ne fume pas et dans lequel il y a ce mouvement global pour une meilleure santé. Ces jeunes évoluent dans un environnement où « les grands » autour d’eux font tout pour arrêter de fumer et où ils voient leurs grands-parents sur leurs derniers milles qui paient le gros prix pour leurs habitudes de vie passées, mais pourtant…
Le verdict
Vous me direz que le nombre de fumeurs diminue d'année en année, mais combien d’années faudra-t-il encore pour débarrasser la Terre de cette saleté? Qu’est-ce que ça va prendre? Soixante ans et le tabagisme chez les jeunes est toujours présent. Décidément, la race humaine n’apprend vraiment pas de ses erreurs. Pourtant, il faut presque changer d’ordinateur aux 3 à 6 ans tellement la technologie change vite. C’est à croire que les ordinateurs évoluent plus vite que le cerveau humain!
Ironiquement, il n’aura fallu que la moitié de ce temps aux gens pour se débarrasser d’une tradition bien plus vieille et enracinée : le catholicisme. En effet, déjà dans les années 80, la pratique religieuse était sur son déclin et de nos jours, plus personne (ou presque) ne va à l’église. Ces dernières sont soit restaurées ou détruites et les cours de catéchèse et de morale ont disparu de nos écoles. Drôle de comparaison, me direz-vous. Je ne suis ni pratiquant ni croyant, mais au moins, ceux d’entre nous qui ont passé par là ont l’avantage d’avoir eu la chance d’apprendre ce que c’est que d’avoir de bonnes valeurs et d’agir avec discernement. Aujourd’hui, le manque de respect et de bonne conduite est un problème plutôt alarmant, je dirais.
J’ai surtout parlé du tabagisme, mais j’aurais tout aussi bien pu parler d’autre chose comme l’alcool ou l’alimentation. La Société des alcools elle-même se sent « obligée » de faire de la publicité pour rassurer les gens et leur faire croire que c’est « normal » de boire régulièrement tellement la situation est gênante. Malheureusement, dans ce message « mixte », elle accepte toutefois volontairement de perpétuer cette idée que si on ne fume pas ou ne boit pas, on ne profite pas de sa vie. Il y a autre chose dans la vie que le tabac, l’alcool et le travail. Comment peut-on réellement dire qu’on profite vraiment de sa vie lorsque la qualité de celle-ci est compromise? Les gens attendent d’être acculés au pied du mur pour faire leur prise de conscience, alors qu’il est trop tard. Ensuite, ils se plaignent que le système de santé est engorgé. Pourquoi l’est-il pensez-vous?
Je sais que certains n’aimeront pas ce que j’ai écrit dans cet article et que je vais en avoir choqué plus d’un. Je suis aussi conscient que mon discours peut sembler ferme et intransigeant, mais après plus d’un demi-siècle, je suis désolé, on n’a plus le droit de plaider la non-culpabilité; les excuses ne tiennent plus et sont refusées au banc des accusés! Je suis même d’ailleurs surpris que l’on soit encore obligé de faire des campagnes de publicité, d’imposer des règlements et de trouver des astuces comme exposer les gens à des photos répugnantes ou des publicités choquantes pour réussir à leur faire comprendre que la santé n’a pas de prix et que des cochonneries comme la cigarette ne devraient même plus exister! Si l’humain avait vraiment évolué, on ne devrait même plus avoir à faire ça, car toute personne sensée ferait le choix logiquement par elle-même de faire ce qui est bon pour elle. Continuer dans le même sens encore aujourd’hui avec toute cette information qui circule, c’est délibérément faire le choix de se suicider progressivement. C’est comme si l’être humain avait régressé, s’était écarté de son instinct de survie et essayait de se défiler en pointant du doigt ses émotions refoulées. Même les animaux ne repassent pas deux fois au même endroit s’ils savent que ce dernier est dangereux! C’est plutôt gênant, non?
Bref, le monde se porterait beaucoup mieux si les gens arrêtaient de se plaindre, pensaient un peu avant d’agir et prenaient soin d’eux-mêmes au lieu de sauter dans le vide sans réfléchir et d’attendre ensuite que les autres autour réparent leurs fautes et viennent les sauver…