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Une relation père fils violente
Ronald DeFeo et sa femme Louise mènent une vie en apparence banale avec leurs cinq enfants. Demeurant dans un appartement de Brooklyn, ils économisent en vue d'acheter une maison. Leur dévolu se jette sur une grande baraque située au 112 Ocean Avenue dans le quartier aisé d'AmityVille, en banlieue de New York.
Les DeFeo emménagent avec plein d'espoirs dans cette immense demeure répartie sur deux étages avec, en plus, un sous-sol pour accueillir toute la marmaille. Or, à l'intérieur des murs, ça ne va pas très bien. Ronald DeFeo a souvent de violentes disputes avec son fils Ronald Jr. Il n'est pas rare que les deux hommes en viennent aux coups pour de multiples raisons, dont certaines relations louches du paternel avec le milieu criminel que désapprouvait son fils. Ce dernier accusait aussi son père d'infidélité, même si cela n'a jamais été prouvé.
La veille des meurtres, une autre crise survient chez les DeFeo. Ronald et son fils aîné se querellent dans l'embouchure du sous-sol et se livrent une série de coups de poings. Ronald Jr. sort du sous-sol avec une lèvre ensanglantée. L'un de ses frères a assisté, impuissant, à la bagarre. Or, il semble que cette colère soit contenue entre les deux hommes puisqu'à l'exception de son enfant le plus âgé, Ronald DeFeo est un père aimant et attentif aux besoins de ses enfants.
Le massacre de Ronald Jr.
Le 13 novembre 1974, vers 3h du matin, Ronald Jr. termine le visionnement d'un film particulièrement cru du nom de Castle Keep. Pour une raison inconnue, il prend alors son fusil 35mm (on parle aussi d'un Magnum .357) et massacre l'ensemble de sa famille, exception faite du chien de celle-ci.
Les parents reçoivent deux balles chacun. Le coroner démontrera que Ronald a survécu de quelques secondes à quelques minutes avant de succomber à ses blessures. Quant à Louise, elle est morte 10 minutes après avoir été atteinte. Les deux frères de Ronald Jr. (9 et 12 ans) sont tirés à bout portant, soit à moins de 4 cm de distance. Allison (13 ans) a eu le temps de se réveiller avant de recevoir une balle en pleine tête. Quant à Dawn (18 ans), elle fut tirée à moins de 6 cm de distance dans le bas de son cou.
Une enquête soulevant des questions
Vers 18h30 le même jour, Ronald Jr. entre promptement au Henry's Bar de sa localité en criant: « Vous devez m'aider ! Je crois que mes parents ont été tués ! » Six hommes suivirent l'aîné DeFeo, qui roulait à toute vitesse vers sa maison. Arrivés sur place, ils eurent un haut-le-coeur en raison de l'odeur de mort qui régnait dans la baraque. Ils stoppèrent net en pénétrant dans la chambre à coucher principale, voyant le corps de Ronald Sr. gisant sur le ventre et le cadavre de sa femme partiellement recouvert d'une couverture orange.
Les policiers sont rapidement dépêchés sur les lieux et l'enquête s'amorce. Un élément demeurant encore un mystère est qu'aucun voisin n'a entendu le moindre bruit d'arme à feu. Même si la maison était bien isolée, on a démontré que la détonation du fusil utilisé par Ronald Jr. pouvait être entendue jusqu'à cinq pâtés de maisons plus loin. Fait encore plus troublant, les voisins ont entendu les aboiements du chien, qui étaient beaucoup moins audibles que les tirs du fusil.
Au fil de l'enquête, on conclura que les parents ont été assassinés en premier. Ronald Jr. aurait monté le volume de la télévision si fort que cela aurait étouffé le bruit du fusil à l'intérieur de la maison. C'est la raison la plus logique trouvée par les policiers pour expliquer que certains enfants ne se soient pas réveillés après que les parents eurent été assassinés.
On finit par conclure que Ronald Jr. a délibérément massacré sa famille et on le met en état d'arrestation. Au fil de ses interrogatoires, il soumettra des versions contradictoires avant d'avouer être l'auteur des meurtres. Or, il mentionnera aussi qu'il n'était pas seul puisqu'il a pu compter sur l'assistance de deux amis et de sa soeur Dawn. Il affirmera qu'il a bel et bien tué ses parents, mais que Dawn était responsable des meurtres des enfants. Dans une autre version, Ronald Jr. indiquera qu'il entendait des voix (dont celle de Dieu) qui lui ordonnaient de tuer sa famille.
Par ailleurs, en effectuant des recherches, les enquêteurs découvriront que Ronald Jr. n'était pas un ange. En effet, il consommait plusieurs types de drogues, dont de l'héroïne à l'occasion. Il aurait ainsi tenté de fuir une vie remplie de moqueries ayant débuté à l'époque de l'école primaire. De plus, deux semaines avant les meurtres, Ronald Jr aurait eu une violente dispute avec son fils au sujet d'une fraude que ce dernier aurait tenté de faire passer pour un vol. Le paternel lui aurait alors dit: « Tu portes le diable en toi ! » avant que le fils ne lui réponde: « Espère de gros porc, je te tuerai ! »
Folie meurtrière ou possession démoniaque ?
Au procès de Ronald Jr., le procureur de l'État fait part des découvertes des enquêteurs de même que des résultats des autopsies. En outre, on démontre que les DeFeo n'ont pas été drogués avant d'être assassinés.
Du côté de la défense, l'avocat William Weber a demandé la tenue d'une enquête dans la maison afin de trouver une soi-disant puissance capable d'avoir influencé Ronald Jr. L'avocat soupçonne qu'il existe des champs électromagnétiques ou des forces telluriques avoisinantes dans la demeure qui auraient pu déséquilibrer les cellules et la santé mentale de son client. Hanz Holzer, chercheur dans le domaine du paranormal, avancera que ces champs peuvent inhiber les sons et affecter la perception du bruit, d'où le fait qu'aucun coup de feu n'ait été entendu. On ajoute aussi que Ronald Jr. entendait ce qu'il pensait être la voix du diable. Cette voix lui aurait dit: « Attrape-les, tue-les ».
Le jury délibère et ne croit aucunement les arguments de la défense. Ronald DeFeo Jr. est condamné à six peines de 25 ans et est envoyé à la prison spéciale de Danemorra. Les scientifiques interrogés sur le sujet refusent de voir autre chose qu'une folie meurtrière.
La maison est mise en vente, mais parce qu'elle est tachée de sang, elle demeure inoccupée pendant plusieurs mois. On tente de la vendre à l'aide d'annonces alléchantes vantant ses dimensions de même qu'un prix attractif (80 000$). Or, plusieurs acheteurs potentiels rebroussent chemin, certains ne pouvant tolérer de vivre dans une maison où un massacre et d'autres croyant qu'elle est hantée. L'agence immobilière chargée de la vente repeint entièrement la maison en blanc afin de faire oublier son aspect sinistre, mais ne remplace pas les deux lucarnes du devant, pourtant vues par certains comme les yeux du diable.
La maison d'AmityVille finira pas trouver des preneurs et le mythe autour d'elle ne fera alors que s'amplifier…
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