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Je fais souvent le parallèle entre le corps humain et une voiture. La majorité des gens aiment prendre soin de leur voiture et exigent indubitablement le meilleur entretien qui soit, car ils sont conscients qu’un mauvais roulement ou que le moindre désalignement peut causer bien des dommages à long terme et ils veulent éviter à tout prix de payer la note en bout de ligne. Ce qui est particulier c’est qu’ils n’ont pas le même réflexe envers leur propre corps lorsqu’ils s’entraînent. C’est ironique car on peut toujours acheter une nouvelle voiture ou changer des pièces mais on n’a qu’un seul corps et le coût, même s’il n’est pas monétaire parce qu’on parle plutôt d’une qualité de vie, sera beaucoup plus élevé! Malheureusement beaucoup ne le réalisent qu’une fois que le mal a été fait et c’est là qu’ils aimeraient bien revenir en arrière… et je ne parle même pas ici des accidents de parcours qu’on ne peut prévoir et qui laissent des séquelles plus importantes.
Comme je l’expliquais dans mon article prendre soin de corps comme de son char, le corps humain est une machine et il faut savoir l’utiliser correctement et l’entretenir si on espère s’en servir longtemps ou si on veut éviter les imprévus (blessures). Il faut comprendre que l’entraînement revient à faire des tours de pistes avec votre voiture et que comme une voiture mal entretenue ou mal conduite, l’usure fera son œuvre avec le temps. Ce n’est que dans quelques années que les problèmes feront surface et que vous vous rendrez compte que vous avez engendré des dommages et que certains sont irréparables. Tout le monde fera de l’arthrose un jour ou l’autre, comme toute voiture s’use. La différence, c’est que ceux qui auront économisé leur système articulaire en feront moins ou beaucoup, plus tard dans leur vie. C’est aussi simple et logique que cela.
Si vous faites de la musculation, c’est votre devoir de :
- Engager un mécanicien compétent et minutieux et prendre rendez-vous avec lui régulièrement
- Apprendre à entretenir et conduire votre voiture comme il se doit (appliquer la technique)
- Respecter le code de la route (reconnaître les limites)
Et vous devez être aussi critique que vigilant car, comme dans le domaine de l’automobile, il y a de bons vendeurs qui doivent davantage leur succès à leur charisme qu’à leurs compétences. N’hésitez pas à vous renseigner et poser des questions. Comme Léonard de Vinci disait; « qui pense peu se trompe beaucoup ».
L’événement déclencheur
L’autre jour nous nous entraînions moi et mon partenaire et comme ça arrive régulièrement, nous avons été témoin d’une hallucination cauchemardesque malheureusement bien réelle. Le genre de vision qui me fait plisser des yeux, grincer des dents et soupirer de désespoir pour la race humaine. Le genre d’infraction qui n’aurait pas valu un deux ou un cinq minutes mais bien une inconduite de partie automatique pour conduite antisportive. Abasourdis, essayant de comprendre ce que ce pauvre gars essayait de faire, nos pensées assoiffées d’indépendance sortaient d’elles-mêmes à haute voix; « mais qu’est-ce qu… », « ouch, j’ai mal pour ses articulations », « mais d’où est-ce que ça sort cet exercice-là? »… et la liste s’est terminée avec un sourire en coin, un clin d’œil mutuel et un « en tout cas, lui il ne s’entraîne pas bio! ». En disant cela, nous faisions référence à la biomécanique du corps humain. C’est là que l’éclair m’a frappé. Je pensais à quel point le bio est à la mode en ce moment (tout, ou presque, est rendu bio) et je me disais; pourquoi l’entraînement ne pourrait-il pas aussi être certifié bio (dans le sens où il respecte la nature et les principes qui régissent la biomécanique fonctionnelle)? Du coup, l’idée a commencé à germer dans ma tête et déjà je voyais un logo et une devise.
Qu’est-ce que l’entraînement bio
Pour celui qui s’entraîne, c’est s’entraîner consciemment en respectant la mécanique de cette belle machine qu’est le système musculosquelettique. C’est se mettre dans la tête que le but est de travailler le muscle et non de simplement soulever un poids. C’est aussi prendre la peine de contracter et d’étirer le muscle cible de façon consciente et optimale. C’est en gros de vouloir bien faire les choses et se poser des questions comme :
- Est-ce que je suis bien positionné et est-ce que ma posture est optimale?
- Est-ce que je respecte les amplitudes de mouvement des articulations touchées?
- Est-ce que je m’efforce de garder le muscle cible sous tension constante tout au long de la série?
- Est-ce que la charge que j’utilise en ce moment me permet de contrôler parfaitement mon mouvement?
- Est-ce que je me concentre sur ce que je fais réellement pendant que je travaille?
L'entraînement bio, pour l’entraîneur, c’est enseigner aux gens comment travailler intelligemment et de façon tout aussi sécuritaire qu’efficace. C’est être soucieux des contraintes que peuvent subir les autres structures du système musculosquelettique (articulations, ligaments, etc) dans une position donnée ou lors d’un mouvement. C’est forcer le corps à s’adapter tout en prenant en considération les limites qu’il n’est pas souhaitable de dépasser. En d’autres mots, c’est entraîner les gens dans l’optique d’améliorer leur santé et se poser des questions comme :
- Est-ce que l’exercice que j’ai prescrit cible vraiment ce qu’il est censé travailler?
- Est-ce que le programme que j’ai construit est équilibré, fonctionnel et sécuritaire?
- Est-ce que j’ai respecté et couvert tous les angles et les amplitudes de mouvements possibles?
- Est-ce que les exercices que j’ai choisis sont adaptés aux besoins et aux capacités de mon client?
- Est-ce que j’ai fait tout ce que je pouvais pour guider le client dans l’exécution de ses exercices?
Pourquoi est-ce si important?
Bouger c’est une chose, s’entraîner avec des charges dans le but de forcer le corps à s’adapter en est une autre. Contrairement aux activités sportives en général, c’est rarement sur le coup (de façon subite et aigue) que les gens se blessent lorsqu’on parle de musculation… c’est au fil du temps, avec le kilométrage, que les dommages se font. Pour reprendre l’exemple de la voiture, ce n’est que dans plusieurs années que le propriétaire se rendra compte qu’il a été un mauvais pilote ou qu’il a engagé un mauvais mécanicien. Chaque articulation a ses limites et ses particularités tout comme chaque muscle a son propre vecteur et ses fonctions. Les gens ne sont pas conscients à quel point la fluidité, le positionnement et le contrôle sont importants lorsqu’on s’entraîne, autant pour optimiser la performance que pour minimiser les dommages collatéraux. Comme en mécanique, chaque millimètre compte!
Malheureusement, je peux vous dire que la majorité des gens ne s’entraînent pas bio. Beaucoup pensent le faire, mais même les plus expérimentés sont surpris des subtilités qui leur ont échappé et qui ont leur lot d’importance lorsqu’on les pousse à réfléchir et tout remettre en question. C’est un phénomène que j’observe depuis longtemps et c’est entre autres ce comportement qui fait qu’il y a encore autant de mythes et de fausses croyances encore vivants dans ce domaine. En effet, à travers tout ce temps et ce voyagement à donner des cours, des séminaires, des conférences et des ateliers, je n’ai pu m’empêcher de remarquer que les gens qui s’entraînent ont tendance à facilement penser qu’ils connaissent leur anatomie et qu’ils comprennent pleinement ce qu’ils font parce qu’ils ont « de l’expérience ». Pourtant, je dois continuellement reprendre les gens quant au positionnement et l’exécution de leurs exercices. Même s’il s’agit plus souvent d’une erreur d’application que d’une mauvaise intention, c’est tout de même un problème omniprésent et c’est pour cette raison que j’ai entrepris de mettre sur pied des cours universitaires il y a maintenant plus de 10 ans et pourquoi j’ai écrit tant d’articles sur l’art de s’entraîner correctement et ces exercices que vous ne devriez jamais faire. C’est également ce qui m’a poussé à écrire la série de livres Les exercices qui vous soignent avec Roberto Poirier et le Dr Jean Drouin et à fonder le programme de formation continue en coaching avancée GLOBAFIT (avec mon ami et collègue Pierre-Olivier Pinard). C’est spécialement à travers ces formations que j’enseigne le concept de l’entraînement BIOFIT, qui vous l’aurez compris respecte les bases de l’entraînement bio.
La santé n’a pas de prix et la prévention sera toujours la meilleure option. Comme le disait Descartes; « ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien ». Bien sûr, comme je le mentionnais dans mon dernier article, l’entraînement tourne autour du dépassement de soi. Toutefois, cet objectif ne devrait jamais être accompli au détriment de la santé de la personne. Si vous vous entraînez et que pour vous la performance et la santé sont des valeurs importantes, la validité, la sécurité de même que la qualité des exercices que vous exécutez devraient être des éléments non négociables. Si vous êtes entraîneur et que la santé de vos clients vous tient autant à cœur que votre notoriété, c’est à vous de faire ce qu’il faut afin qu’ils soient reconnaissants envers ce que vous faites pour eux.
Pour terminer sur une autre note, pendant que j’y pense, j’irais même jusqu’à dire que s’entraîner bio voudrait aussi dire s’entraîner sans faire usage de drogues ou de substances illicites. Je pense que cela va de soi avec un concept qui prône le naturel et la santé. Et sur ce dernier point, je me demande combien échoueraient s’il y avait un test d’entrée… prenez soin de vous et entraînez-vous bien!
Pour plus d’information sur l’entraînement bio, je vous invite à visiter le site officiel ou la page facebook de GLOBAFIT.
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