Séraphin est probablement le personnage de fiction québécoise le plus avare qui soit. C’est justement ce trait de caractère qui est mis de l’avant par Grignon et Chartier. Dans chacune des histoires, soit Séraphin est puni par une force mystérieuse pour son avarice (par exemple, il ne voulait pas payer pour faire réparer la fenêtre de sa pièce mystérieuse et se rend compte le lendemain que la pluie a endommagé son argent), soit il fait quelque chose de tellement « cheap » que ça choque le lecteur (par exemple, il offre à Donalda un cadeau de Noël qu’il a lui-même reçu de quelqu’un d’autre sans prendre la peine de lui révéler cette information).
En plus d’un demi-siècle, il faut avouer que certains gags ont quelque peu vieilli. Cependant, force est d’admettre que plusieurs n’ont pas pris une ride et nous laissent encore une forte impression. Il faut croire que l’avidité est indémodable!
Dans Séraphin illustré, chaque planche présente une histoire indépendante des autres. En revanche, il y a certaines thématiques récurrentes comme la messe de minuit, le cadeau du jour de l’an et les travaux sur la terre.
Toutes les histoires tournent évidemment autour du maire de Sainte-Adèle. Si vous regardez actuellement la série télé, vous reconnaitrez d’autres personnages comme Donalda, le notaire Lepotiron, et Alexis Labranche.
Bon. Reconnaitre est un grand mot, car la plupart ont un style à l’opposé du remake. D’ailleurs, du point de vue graphique, la série emploie deux styles bien différents. Chacun occupe environ la moitié du livre. Le premier nous montre un Séraphin de 40 ans qui vient d’épouser Donalda. L'illustrateur y va d'un dessin très « hachuré », mais s'accorde quelques fantaisies. Ce qui n’est absolument pas le cas du deuxième style qui, lui, est plutôt calqué sur Les Belles Histoires des pays d'en haut, le fameux téléroman qui a été en onde de 1956 à 1970.
Même si son dessin comporte encore beaucoup de lignes, Chartier y adopte un style proche du photoréalisme. Les acteurs principaux du téléroman sont facilement identifiables : Jean-Pierre Masson, Andrée Champagne, Guy Provost, etc. On a plus l'impression de lire l'adapation du téléroman que celle du roman.
Verdict
Séraphin illustré est une bande dessinée fascinante qui nous rappelle que la nouvelle émission de Radio-Canada est loin d’être la première adaptation du chef-d’oeuvre de Claude-Henri Grignon. Bref, les amateurs d’histoire dévoreront sans doute cette pièce de collection.
Séraphin illustré
Claude-Henri Grignon et Albert Chartier
264 pages
Mécanique générale
Cote : 4 étoiles sur 5.