Je m’étais fait largement critiquer après mon dernier texte où je tentais de calmer les ardeurs quant à la présence d’Eugenie Bouchard au sein du carré d’as.
Franchement, je n’ai pas compris cette agressivité de la part des lecteurs en premier lieu, mais après réflexion, je crois que je n’ai pas été assez incisif sur le fait que je ne critiquais en aucun cas l’athlète. Je maintiens toujours ceci :
« Somme toute, je respecte Eugenie Bouchard en tant que joueuse de tennis et je crois qu’elle représente très bien la nouvelle vague de jeunesse canadienne qui s’impose de plus en plus sur la scène mondiale. Milos Raonic, Vasek Pospisil et elle forment un trio dont plusieurs pays seraient jaloux!
Le but de cette réflexion était davantage de calmer les ardeurs des partisans qui s’émerveillent peut-être trop facilement devant la performance de Bouchard en Australie jusqu’à maintenant. »
Mettons quelque chose au clair tout de suite : je n’ai ni explicitement, ni implicitement mentionné que je n’encourageais pas la Québécoise et que je ne lui souhaitais pas de devenir la tête d’affiche du tennis féminin.
Au contraire, ce que je veux avant tout, c’est le développement du tennis canadien et cela passera en grande partie par le succès d’Eugenie Bouchard dans la WTA.
L’objectif de mon dernier texte était davantage de calmer les ardeurs des partisans qui, à mon humble avis, semblaient ne pas considérer que leur joueuse locale a connu, en partie, un tel parcours grâce à un heureux concours de circonstances et vous ne pourriez pas me contredire là-dessus. Je ne lui discrédite toutefois pas ses victoires contre des joueuses plus faibles qu’elle, car chaque match est un défi qui peut coûter l’élimination.
Je suis à 100 % conscient que le facteur chance fait partie intégrante du tennis d’aujourd’hui, mais en tant que partisans, il faut tout de même savoir la reconnaître et l’évaluer.
Pourquoi avoir publié un tel texte? C’est la question que je me suis fait poser le plus souvent lors des deux derniers jours.
Deux raisons…
La première est que de s’enflammer à ce point montre les attentes que le public aura envers Bouchard pour le reste de sa carrière.
L’équation est simple : Attentes = Pression = Souvent de mauvais résultats.
Je ne dis pas ici que Bouchard n’est pas capable de performer sous pression, car ce serait insensé du fait qu’elle a déjà gagné des matchs importants, dont la finale de Wimbledon, alors qu’elle évoluait dans les rangs junior, ou encore son triomphe devant Ana Ivanovic sur le court central du All England Club il y a de cela moins d’un an.
Pour prouver ma thèse, remémorons-nous l’histoire de Rebecca Marino en qui on avait rassemblé beaucoup d’espoir. Malheureusement, toute cette pression venant du public et même des parieurs qui misaient sur elle l’a épuisée mentalement et pour cela, cette jeune joueuse prometteuses a dû prendre sa retraite hâtivement. Je vous pose la question : veut-on que le scénario se reproduise avec Eugenie Bouchard?
La seconde raison est que de concentrer toute notre attention sur Eugenie Bouchard dans un court laps de temps va créer un phénomène « d’écoeurantite aigue » à long terme où plus personne – ou encore très peu de gens – ne va la soutenir quand viendront des passes plus difficiles de sa carrière.
Voilà pour le retour sur mon texte précédent, j’espère que cela vous aura permis de comprendre un peu mieux mon point de vue face à la situation…
Si près, mais si loin en même temps
J’avais le goût de faire un retour sur le match d’hier soir. Comme des dizaines de milliers de Québécois, j’étais devant la télévision pour assister à la rencontre entre Eugenie Bouchard et Na Li.
La Québécoise a été loin de son vrai niveau en début de match, donnant rapidement une avance de 5-0 à Na Li. Après 15 minutes de jeu, Bouchard n’avait remporté que 3 points, dont un sur une double-faute de la Chinoise.
En quelque part, c’était quelque peu prévisible, sachant que Na Li compile énormément d’expérience en Grand Chelem, alors que pour Eugenie Bouchard, ce n’était qu’une première présence en carrière au sein du tableau principal de ce tournoi.
À partir de ce moment, le vent a changé de côté et on a eu droit au niveau de jeu auquel on s’était habitués depuis le début du tournoi. Je dirais même que lors des cinq jeux suivants, celle-ci a joué son meilleur tennis de la quinzaine, ayant toutes les répliques aux attaques de son adversaire. Des quatre jeux qu’elle a remportés durant cette séquence, Bouchard attaquait plus souvent qu’à son tour, alors que Na Li était complètement débordée.
À 2-0 en deuxième manche, l’expérience a commencé à reprendre le dessus sur la jeunesse, alors que la Chinoise a enfilé trois jeux consécutifs pour ne plus jamais regarder en arrière, en route pour un gain de 6-2 et 6-4.
Ce qui m’a fasciné de ce match est à quel point Eugenie Bouchard fut compétitive lors des trois derniers jeux de la première manche, ainsi que les deux premiers du second set. Elle m’a donné l’impression de faire partie de l’élite mondiale. Pas du top 20, mais du top 5 de la WTA!
C’est pourquoi je trouve qu’elle est si près, mais si loin des meilleures de son sport en même temps…
Au fil des années, elle acquerra plus de constance au sein d’un même match, ce qui lui permettra de disputer son meilleur tennis durant l’entièreté de ses duels. C’est dans le processus de développement.