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Disponible sur: Xbox One (version testée), PlayStation 4, PC
Une humanité déchirée
Deus Ex: Mankind Divided prend place deux ans après les événements de Human Revolution. Plus que jamais, l'humanité est divisée quant à l'existence des humains augmentés. Après l'Incident, qui a vu les humains augmentés devenir agressifs après l'activation d'une puce leur ayant été implantée malgré eux, les humains ne savent plus quoi penser des augmentés. C'est encore plus vrai alors qu'une série d'attentats terroristes perpétrés par des organisations possiblement constituées d'augmentés vient effiler encore plus la mince ligne divisant les humains et ceux ayant choisi d'accentuer les capacités de leur corps artificiellement.
Si vous connaissez la série Deus Ex, vous savez que cette dernière est complexe. Si vous ne vous rappelez plus des événements de Human Revolution, un récapitulatif de 12 minutes est proposé et vous exposera la complexité de cet univers. Même en ayant terminé le précédent volet deux fois, j'avoue avoir été perdu à travers la quantité phénoménale de personnages, organisations et événements mis de l'avant. Cela n'empêche pas l'histoire d'être magnifiquement écrite et de remettre à l'avant-scène un héros toujours aussi badass en Adam Jensen.
Par contre, ne vous attendez pas à avoir toutes vos réponses à la fin de votre aventure. Le jeu se termine en queue de poisson, ouvrant une grande quantité de portes qu'il ne referme pas en cours de route. On finit le jeu brusquement en nous laissant sur une panoplie de questions qui, oui, sont intéressantes, mais qui exigent des réponses pour être finalisées. C'est un peu comme un bon restaurant n'offrant pas de dessert: le repas peut être excellent, mais nous semble incomplet une fois terminé.
Ah, et si vous vous demandez si Jensen aura de l'opposition vu ses capacités tellement fortes développées à la fin de Human Revolution, sachez qu'elles seront remises à zéro en raison d'un bogue l'affectant. Un peu comme Samus dans Metroid, il vous faudra repartir du début et redévelopper Jensen. Or, cela ouvre aussi la porte sur un pan d'histoire très intéressant de notre personnage.
En effet, ce dernier apprendra rapidement que des programmes illégaux ont été installés en lui à son insu. Vous pourrez en tirer profit (quoiqu'ils ne s'avèrent aucunement nécessaires pour compléter le jeu), mais puisqu'ils feront surchauffer le système de Jensen, vous devrez contrebalancer leur activation en désactivant l'une de vos capacités de base. Le choix d'utiliser les capacités illégales vous appartiendra, mais le jeu pose l'intrigante question à savoir que lorsqu'on se fait artificiellement augmenter, est-on sûrs à 100% de ce qu'on nous implante ?
Un excellent jeu peu surprenant
Je vous disais en introduction que le sentiment de surprise n'y est plus au sein de Human Divided et c'est vrai. En fait, cela est surtout dû au fait que le jeu reprend les mêmes mécaniques que son prédécesseur. Il s'agit encore d'un jeu à la première personne offrant parfois des séquences à la troisième personne. Vous pourrez y jouer de façon brutale ou furtive, pirater de nombreux systèmes informatiques de la même façon que dans Human Revolution et accomplir une diversité de missions comme dans le jeu précédent. Bref, c'est une suite logique à Human Revolution et même si ça demeure excellent, le jeu n'est aucunement surprenant.
Tout comme Human Revolution, Mankind Divided peut être mêlant. Il y a une ligne directrice, mais de laquelle on peut si souvent dévier que le jeu peut être mélangeant. Qui plus est, ce n'est pas le jeu le plus intuitif qui soit. Certes, on vous explique ses mécaniques à l'aide de divers didacticiels, mais vous verrez que la maîtrise de plusieurs éléments requiert du temps et de la patience. Je pense notamment au système de piratage, qu'on explique (ou réexplique si vous avez joué au jeu précédent) très sommairement. Vous le maîtriserez probablement au fil d'essais et erreurs en déclenchant au passage de nombreuses alarmes !
Autre point pouvant vous déboussoler: le jeu contient un nombre effarant de possibilités et de chemins à emprunter. Une mission peut se compléter de plusieurs façons et une situation peut être abordée sous de nombreux angles. Dès le départ, on vous offrira le choix d'avoir des armes létales ou paralysantes pour votre première mission. Par la suite, on vous demandera de choisir entre une arme à longue ou courte portée. C'est ce genre de décisions que vous devrez constamment prendre et qui influencera non seulement votre façon d'aborder chaque mission, mais aussi le cours du scénario.
D'autre part, même si vous pouvez jouer brutalement en tuant tous les ennemis, le jeu a réellement été conçu pour jouer furtivement. Les environnements ont été pensés pour les joueurs aimant prendre leur temps et penser pour contourner leurs ennemis plutôt que d'assassiner ces derniers. Il existe une panoplie de conduits et chemins connexes pour éviter de vous faire voir ou encore pour éliminer vos ennemis furtivement. Les habiletés même de Jensen sont conçues pour exploiter les environnements et jouer au jeu de façon furtive. À l'image de Human Revolution, Deus Ex: Mankind Divided s'apprécie si on y jouer brutalement, mais se réalise complètement si on joue furtivement.
30 heures, de la rejouabilité et un mode de piratage !
Si vous vous demandez si Mankind Divided est un long jeu, dites-vous qu'il prend minimalement une trentaine d'heures pour être complété. Et cela, c'est si vous vous pressez. Le jeu est massif, comportant beaucoup d'exploration à effectuer. Par exemple, alors que je me trouvais à Prague entre ma mission principale et l'une des nombreuses missions secondaires, je me suis amusé à grimper un peu partout et j'ai découvert par hasard un appartement dans lequel j'ai trouvé des objets et le mot de passe d'une cabine de stockage appartenant au locataire. Vous pourrez aussi pirater une quantité phénoménale d'objets et lire beaucoup de courriels et livres électroniques pour parfaire votre connaissance de cet univers.
D'ailleurs, encore une fois à l'instar de Human Revolution, ce qu'il y a d'intéressant avec Mankind Divided est qu'on est constamment récompensés. Le jeu nous octroie des points d'expérience pour à peu près tout ce qu'on fait, de la simple lecture d'un e-book jusqu'à l'emprunt de conduits ou de chemins secondaires. Il y a aussi beaucoup d'objets que l'on peut ramasser pour remplir notre inventaire, certains utiles et d'autres moins. Les pièces d'assemblage sont particulièrement intéressants pour fabriquer quelques-uns des objets utiles à Jensen, dont les puces de recharge permettant de recharger l'énergie de notre personnage pour qu'il puisse utiliser ses techniques d'augmenté.
Inutile aussi de vous dire que le jeu propose un bon facteur de rejouabilité. Non seulement peut-on recommencer le jeu avec les techniques de Jensen déjà débloquées (et je vous jure que vous voudrez le faire pour pouvoir pirater des systèmes ou emprunter des chemins plus rapidement que lors de votre première partie), mais vous pourrez aussi poser des choix différents afin de voir une histoire différente ainsi que des réactions de personnages contraires à celles de votre partie précédente. Mankind Divided est un jeu qu'on a envie de refaire dès qu'on l'a terminé non seulement parce qu'il est excellent, mais aussi parce qu'il nous encourage à prendre d'autres décisions.
D'autre part, en plus de la campagne solo, vous aurez droit au mode Breach. En gros, il s'agit d'un mode de piratage à la première personne au sein duquel vous devrez pirater des systèmes le plus rapidement possible. Une fois une mission terminée, vous recevrez des cartes pouvant améliorer les capacités de votre personnage ainsi qu'un score global pour vous comparer aux autres joueurs, ajoutant donc une petite composante multijoueur à l'univers Deus Ex. Bien fait, le mode Breach est une belle complémentarité à l'aventure de base qui, de surcroît, est très facile d'approche !
Des bogues tantôt mineurs, tantôt majeurs
Malgré tout l'amour que je porte envers Mankind Divided, je me dois de souligner quelques défauts du jeu. En outre, oui, il y a des bogues, certains mineurs et d'autres très importants. Parmi les bogues mineurs, on peut noter des caisses se mettant à bouger toutes seules (et donnant l'impression qu'elles sont possédées) ou des corps que l'on peut traîner et qui semblent se disloquer tellement ils sont mous ! Au niveau des bogues majeurs, il y en a notamment un qui corrompt toute sauvegarde du jeu à la mission 14, soit deux missions avant la fin du jeu. Ce bogue fait en sorte qu'on ne peut tout simplement terminer le jeu. Jusqu'à présent, le problème n'est toujours pas réglé et semble particulièrement affecter la version PlayStation 4. J'ai confiance qu'Eidos Montréal trouvera l'origine du bogue et le corrigera par un patch, mais pour l'instant, c'est frustrant pour bien des joueurs ayant investi des dizaines d'heures dans le jeu et ne pouvant le compléter.
Par ailleurs, l'engin du jeu manque d'optimisation. Des ralentissements sont clairement visibles lorsqu'il y a trop d'éléments à l'écran. Ainsi, dans l'une des premières cinématiques à la première personne du jeu (soit celle où Adam arrive à Prague avant qu'un attentat ne soit commis), on voit le jeu ralentir parce que la foule est trop dense. Rien de bien grave ou cassant le jeu, mais c'est tout de même visible et à noter.
Enfin, l'intelligence artificielle a des limites très claires que l'on peut exploiter. Ce n'est pas une intelligence artificielle spécialement réactive qu'on propose sauf au niveau de difficulté le plus élevé. En deçà de cela, vous verrez que les ennemis se contenteront de regarder dans leur cône de vision et qu'ils réagiront en fonction de paramètres très stricts ayant été programmés. De ce fait, ils sont plutôt stupides et peuvent être facilement contournés sans qu'on ait à trop se casser la tête.
Devriez-vous y jouer ?
Deus Ex: Mankind Divided est un excellent jeu et une superbe suite à Deus Ex: Human Revolution. C'est un jeu beaucoup moins surprenant que son prédécesseur, mais qui n'en demeure pas moins efficace. S'il peut être déboussolant et qu'il se termine en queue de poisson, il est également complexe et accrocheur puisqu'il nous récompense sans arrêt. Une très belle réalisation d'Eidos Montréal démontrant que le travail derrière l'univers Deus Ex que le studio construit depuis près de dix ans vaut la peine d'être poursuivi !
– L'univers complexe et intrigant du jeu
– Les nombreuses possibilités offertes tant au niveau de l'exploration que du style de jeu que vous adopterez
– Les récompenses continues
Ce que vous n'aimerez pas:
– La finale en queue de poisson
– Certains bogues
– La complexité des possibilités certes intéressante, mais aussi mélangeante par moments
Note: 9 sur 10
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