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Takkar, le chasseur distant
Far Cry Primal est l'histoire de Takkar, un chasseur voyant ses amis être massacrés par une horde de mammouths qu'ils tentaient de tuer pour manger. Néanmoins, Takkar est destiné à devenir non pas un grand chasseur, mais bien le héros de sa tribu. C'est en explorant les terres parfois luxuriantes, parfois arides du monde fictif d'Oros que Takkar réunira les membres éparpillés de son peuple pour que ce dernier puisse éviter l'extinction au profit d'autres prédateurs, qu'ils soient humains ou animaux.
Far Cry Primal a représenté un défi de taille pour Ubisoft car il s'agit d'un jeu qu'on a voulu être fidèle à ce que devait être l'atmosphère du Mésolithique. Ainsi, les personnages ne parlent pas une langue moderne, mais bien un langage inventé de toutes pièces par Ubisoft. Les acteurs ont donc dû apprendre une nouvelle langue, ce qui est assez fascinant à voir lorsqu'on joue. En revanche, cela crée de la distance entre le joueur que nous sommes et les personnages mis de l'avant. Puisqu'on doit lire les conversations et qu'on ne comprend absolument rien lorsqu'un personnage parle, on s'attache très peu à ce qui se passe dans la vie de Takkar ou des individus de son peuple.
Malheureusement, cette distance est aussi accentuée par un scénario très banal. Si l'idée du jeu est intéressante, son histoire est aussi arriérée que l'époque à laquelle il prend place. Grosso modo, vous êtes un rassembleur qui doit aller sauver les membres de son clan et défendre celui-ci contre des animaux et d'autres tribus. Vous avez certes quelques ennemis principaux (dont un sanguinaire barbare faisant office de méchant principal passé une certaine portion de l'aventure), mais globalement, le scénario du jeu se résume à constituer votre clan afin qu'il survive. Avant longtemps, l'histoire prend une place secondaire et Takkar devient un héros sans âme.
Autre époque, autres outils !
Bien entendu, parce que le jeu prend place au Mésolithique, on oublie les fusils, grenades et véhicules des autres Far Cry. Cette fois, vous devrez fabriquer vos armes, outils et pièges avec les éléments que vous récolterez dans la nature. Ainsi, vous devrez vous défendre avec des armes rudimentaires telles que des arcs, lances et bâtons pour survivre face à vos ennemis. Le jeu met aussi l'emphase sur le feu de sorte que vous pourrez allumer chacune de vos armes non seulement pour effrayer les bêtes sauvages, mais également pour y voir plus clair dans les cavernes que vous aurez le loisir d'explorer.
Par ailleurs, Takkar étant un chasseur pouvant apprivoiser les bêtes sauvages, vous pourrez utiliser une chouette afin d'effectuer de la reconnaissance de terrain. La chouette remplace donc les jumelles des autres Far Cry afin que vous puissiez voir les dangers d'un camp ennemi que vous voulez capturer ou simplement pour vous donner une idée de l'hostilité du terrain devant vous. Mieux encore, la chouette vous servira d'arme lorsque vous développerez ses capacités. Ainsi, elle pourra notamment piquer sur des ennemis ou lancer des pièges, en faisant une véritable menace aérienne drôlement efficace.
Puis, grande nouveauté de Far Cry Primal, vous aurez l'occasion d'apprivoiser les animaux sauvages. Takkar apprendra rapidement l'art de l'apprivoisement, quoique pour être bien franc, c'est un peu bizarre de voir qu'on peut amadouer un dent de sabre ou un dangereux ours brun simplement en lui lançant de la nourriture et en lui disant de se calmer. Quoi qu'il en soit, les bêtes du jeu vous serviront d'alliés et pourront attaquer des ennemis, vous défendre et même vous servir de moyens de transport une fois certaines habiletés acquises. C'est une partie importante de Far Cry Primal, bien qu'elle ne soit pas primordiale puisqu'il est possible de compléter les objectifs du jeu sans nécessairement s'appuyer sur l'aide que les animaux peuvent nous donner.
Un jeu bien rempli
Au niveau du contenu, ceux qui craignaient que la préhistoire provoque une diminution d'éléments à trouver et de missions à remplir n'ont pas à avoir peur. En plus de divers modes de difficulté (le mode Expert étant d'ailleurs très corsé), Far Cry Primal regorge d'activités à compléter, que l'on parle des missions secondaires, des bêtes à apprivoiser, des objets à trouver, des cavernes à explorer ou des missions pouvant se déclencher d'une seconde à l'autre. Effectivement, en arpentant les décors du jeu, il arrivera souvent qu'un objectif s'ajoute. Le monde de Far Cry Primal étant vivant, des animaux s'attaqueront entre eux et il arrivera qu'on vous propose sans avertir d'aller sauver des membres de votre tribu capturés ou d'assassiner des ennemis regroupés à un endroit à proximité de votre position.
Votre village se développera aussi au fil du temps, principalement en recrutant des personnages clés de votre tribu. À mesure que votre village s'agrandira, vous aurez droit à plus de récompenses, incluant des cadeaux quotidiens que vous pourrez ajouter dans votre sac. L'amélioration de votre village sera aussi la seule façon d'avoir accès à certaines techniques ou divers bonis du jeu. Cependant, il ne s'agit pas d'un mini-jeu de gestion, la population augmentant généralement de façon pré déterminée en accomplissant certaines missions. Disons qu'un aspect de gestion au lieu d'un système automatisé aurait été intéressant pour approfondir l'expérience.
Par ailleurs, Far Cry Primal propose un cycle de jour et de nuit faisant en sorte que certains éléments ne se trouveront qu'une fois le soleil levé ou la nuit tombée. Le jeu nous encourage particulièrement à explorer son univers de nuit afin de ramasser des objets de fabrication plus rares. Ainsi, une fois le soleil remplacé par la lune, des animaux nocturnes feront leur apparition et les chances de mettre la main sur des peaux rares seront accentuées. Certes, la nuit est plus dangereuse que le jour, mais les récompenses peuvent valoir les dangers dont la noirceur recèle.
Opportunités manquées ?
Malgré tout le plaisir que j'ai eu à jouer à Far Cry Primal, je dois être honnête avec vous: Ubisoft a raté des opportunités. Par exemple, l'élément rudimentaire des armes et objets provoqué par l'époque du jeu aurait pu être davantage exploité. On aurait pu accentuer l'élément de confection et ainsi réellement augmenter l'impression de jouer 10 000 ans avant Jésus Christ. Au lieu de cela, on doit certes récolter des objets et matériaux dans la nature, mais uniquement pour confectionner des objets pré déterminés, tout comme c'était le cas dans Far Cry 3 et 4.
D'ailleurs, c'est probablement là où le jeu risque de décevoir le plus de gens. Far Cry Primal est un exercice très intéressant et je ne doute pas que les développeurs d'Ubisoft ont dû se casser la tête pour mettre au monde ce jeu. Or, si vous êtes un amateur de Far Cry, vous remarquerez qu'au final, c'est Far Cry 3 ou 4 sans armes et véhicules modernes. L'aspect sauvage de la nature, l'amélioration d'habiletés, les éléments à trouver et même certaines techniques de notre personnage sont directement tirés des précédents Far Cry. Par exemple, on peut encore distraire un ennemi en lançant une roche ou escalader des parois à l'aide d'un grappin si ce n'est que ce dernier est plus rudimentaire côté look. Même les possibilités d'attaques avec les bêtes ou le fait de pouvoir monter celles-ci ne sont pas sans rappeler ce qu'il était possible de faire avec les animaux des deux précédents Far Cry. On n'est pas en présence d'un copier-coller, mais pas loin.
Finalement, la répétition est un élément très présent au sein de Far Cry Primal. Au départ, l'ambiance et les possibilités que laisse miroiter le jeu nous captivent. Or, après un certain temps, on se rend compte que ce sont souvent les mêmes objectifs que nous devons atteindre. Même si on tente de modifier l'expérience en, par exemple, proposant des environnements différents offrant leurs propres défis (la région du nord exige d'ailleurs de l'équipement particulier puisqu'il y fait plus froid), force est d'admettre que tout est du pareil au même au sein du jeu et qu'on refait encore et encore les mêmes tâches. D'ailleurs, ca aussi, ce n'est pas sans rappeler Far Cry 3 et 4 !
Devriez-vous y jouer ?
J'ai bien aimé Far Cry Primal, son attrait principal étant évidemment l'originalité de son ambiance. Cependant, force est aussi d'admettre que le jeu comporte plusieurs failles faisant en sorte qu'il n'est pas l'expérience tant espérée par ceux ayant eu un intérêt à son endroit. C'est un bon jeu truffé d'activités et dans lequel il y a beaucoup de plaisir à y avoir, mais qui n'est pas aussi bon qu'il aurait pu l'être, surtout au niveau de l'histoire et de l'originalité du contenu. À essayer, mais pas à n'importe quel prix.
– L'ambiance préhistorique
– La quantité de contenu
– Planter des lances dans le visage d'ennemis !
Ce que vous n'aimerez pas:
– Le sentiment de déjà vu par rapport à Far Cry 3 et 4
– La répétition des éléments du jeu
– L'histoire très banale
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