Fabienne : Ça, c'est le scénario pour le mois prochain, dit Fabienne. Essayez d'apprendre votre texte comme y faut cette fois-là.
P.K. : Ben oui, Fab, ben oui. Mais à part de ça, qu'est-ce que t'as pensé de ma performance?
Fabienne : Ton jeu était excellent, honnêtement. La pénalité que t'as prise en fin de 2e contre les Flyers était parfaite, juste assez inconsciente et immature… même si c'était pas ça que j'avais écrit.
À ce moment, Therrien émet un léger gloussement qui agace l'auteure de 30 Vies.
Fabienne : Qu'est-ce que t'as à rire, toi?
Michel : C'parce que t'avais prévu que P.K. insulte une musulmane dans les estrades pendant une punition, pis que moi, je devais réagir en demandant publiquement à Bergevin d'aller chercher Nazem Kadri pour que P.K. apprenne la tolérance!
P.K. : Pis après, je devais m'excuser à l'Antichambre en prenant P.J. Stock dans mes bras! On trouvait pas ça crédible.
Mme Larouche se cale dans sa chaise en se pinçant les sinus. Puis, elle « cale » son verre de vin.
Fabienne : Les gars, pour la milième fois, c'est pas grave que ce ne soit pas crédible. Le monde s'en sacre, y veut juste avoir des émotions. Pensez-vous que Virginie a duré si longtemps parce que c'était crédible?
Michel : Ben… non, c'est vrai, mais quand même! Des fois, je me demande si tu te relis.
Fabienne : Eille, t'en veux-tu un rôle dans mes shows quand tu vas te faire clairer ou t'aimes mieux aller faire des analyses de match à côté de Benoit Brunet?
Michel : OK, scuse! Pogne pas les nerfs.
P.K. : Bon, qu'est-ce qui va se passer ce mois-ci?
Fabienne : Pour commencer, le 2 février, P.K. va se blesser au genou et faire une commotion cérébrale en allant faire l'épicerie. Un raciste néonazi lui rentre dedans avec son caddie dans le rayon des surgelés. On va découvrir plus tard que jeune, son père le battait avec une ceinture noire.
P.K. : Wô là! Je vais aux Olympiques! Faut pas que je me blesse!
Fabienne : Inquiète-toi pas. Vu que t'es resté inconscient pendant une heure avec un pot d'Häagen-Dazs sur le genou et un gâteau McCain sur le front, t'auras pas trop de séquelles et tu vas rater seulement deux matchs. Pis en plus, à cause de ça, tu vas ramasser un gros contrat de publicité pour les Revellos à l'orange.
PK : Ah, cool! Mais là, t'es sûre que je vais être remis à temps pour les Olympiques? Me semble que juste de mettre quelque chose de froid sur une blessure, c'est pas un super remède.
Fabienne : Ben oui, j'ai écrit Trauma, donc je sais comment ça marche, la médecine.
Michel : Pis moi, là-dedans?
Fabienne : Toi, tu vas dire aux journalistes que P.K. avait provoqué son assaillant, que c'est sa faute et qu'il doit faire preuve de plus de maturité.
MIchel : Ah, pas encore cette ligne-là?
Fabienne : Ben oui, chaque fois qu'on la sort, le monde chiale en fou sur Facebook! Mais c'est pas tout. Tu vas aussi le bencher à son retour au jeu le 6 février contre les Canucks. Et là, en fin de 2e, vous allez vous engueuler sur le banc. Pis là, je veux une vraie engueulade. Tsé, pognez-vous par le collet, twistez-vous les mamelons, de quoi de viril, là. Ensuite, au retour de la 3e, P.K., tu vas sur la glace et tu comptes un but. J'ai déjà appelé Luongo, y est d'accord pour te laisser un trou dans le coin gauche. En revenant au banc, vous vous jetez un regard de feu.
P.K. : OK, mais après, on dit quoi aux journalistes?
Michel : Ouin, parce que entre moi pis P.K., pour le public, y en a un qui va être plus dans la marde que l'autre.
Fabienne : Vous dites que ce sont des choses qui arrivent dans le feu de l'action, que c'est normal dans un club soudé et compétitif que les esprits s'échauffent pis que vous vous êtes déjà expliqués.
PK : C'est pas un peu cliché, ton affaire?
Fabienne : Est-ce que Virginie a duré si longtemps parce que c'était pas cliché? Bon, vous m'excuserez, mais j'ai un autre rendez-vous.
À ce moment, Mme Larouche se lève et sort discrètement par les cuisines, laissant les deux autres à leur tartare de canard. Wow, tout un scoop! Donc tout est déjà « scripté » d'avance? P.K. et Therrien se jouent de nous!
Je me retourne alors vers ma femme pour lui partager ma colère, mais je constate qu'elle n'est plus là et qu'elle m'a laissé un message me disant gentiment d'oublier le Kamasutra et de penser à des moyens de m'arranger tout seul.