Depuis quelques années, dans certaines municipalités au Québec et ailleurs en Amérique, on a vu renaître une vieille tradition pratiquée par nos ancêtres le 1er mai de chaque année. En effet, la fête de la Plantation du mai était un incontournable et même une obligation durant tout le régime seigneurial. Voyons en quoi consistait cette grande et joyeuse fête.
Une fête européenne
L’origine de cette fête remonte au temps des Romains alors qu’il s’agissait d’une fête religieuse en l’honneur de la déesse Maïa, déesse des semences et de la fertilité. C’est pourquoi on en profitait pour planter des arbres lors de la fête. Les Celtes aussi la célébraient en plantant un arbre autour duquel ils dansaient. Au fil du temps, la fête se répandit à travers toute l’Europe, particulièrement dans les pays germaniques, suivant la pénétration des tribus germaniques après la chute de l’Empire romain. Elle atteignit la France via la région d’Alsace.
En Nouvelle-France…
La Plantation du mai fut importée en Nouvelle-France très tôt. Le Père Lejeune, un jésuite, nous renseigne à ce sujet en mentionnant que dès 1637, le gouverneur Charles Jacques Huault de Montmagny fit dresser un arbre devant l’église de Québec, sur lequel on fit des décharges d’arquebuses.
Chez nous, la Plantation du mai était une fête où les censitaires d’une seigneurie rendaient hommage au seigneur et à sa famille. Ainsi, le 1er mai au matin, on apportait l’arbre de mai (cet arbre consistait en un sapin de 20 à 30 pieds, tout ébranché sur sa longueur sauf la cime, que l’on décorait aussi de rubans afin d’y donner une allure plus joyeuse) devant le manoir du seigneur et on lui demandait si on pouvait planter l’arbre. La réponse était toujours oui, car il s’agissait d’un honneur pour lui. Une fois en place, les hommes de la seigneurie, en général des miliciens, tiraient du fusil sur l’arbre afin de le noircir. Il n’était pas rare de voir aussi les femmes tirer. Cela mettait la table pour un banquet organisé par le seigneur pour tous ses censitaires.
La fête avait donc un triple but : honorer le seigneur (ou le capitaine de milice de la paroisse), s’attirer de bonnes récoltes et célébrer enfin la fin de l’hiver! Comme quoi tout était prétexte à faire la fête. Les choses n’ont vraiment pas changé!
Une tradition ressuscitée
Il semble que cette fête fut célébrée jusqu’en 1854, année où le régime seigneurial fut aboli dans le Bas-Canada. Graduellement, elle sombra dans l’oubli. On peut toutefois avoir un aperçu de la fête par des reconstitutions historiques de celle-ci, qui se tiennent annuellement à quelques endroits au Québec. Depuis plus de 40 ans, à Hébertville-Station au Lac-Saint-Jean, on y fête la Plantation du mai. Plus récemment, on la fête aussi à Montmagny et à Vaudreuil-Dorion dans le cadre des Seigneuriales. Cette année, les Seigneuriales se tiendront du 7 au 9 juin 2013. Si vous avez la chance d’y assister, vous aurez l’occasion de voir une fête communautaire comme il y en avait au temps de la Nouvelle-France et du Bas-Canada. Ça vaut la peine!
Liens :
http://www.folkloreenfolie.com/_textes/arbre_de_mai.pdf
http://rdaq.banq.qc.ca/expositions_virtuelles/plus/plantation-du-mai.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gime_seigneurial_de_la_Nouvelle-France