Cependant, pour d'autres, le début de l'hiver rime avec apaisement, confort et bonheur de vivre. Max Pacioretty et David Desharnais font partie de cette catégorie.
« Ah! moi, j'aime tellement ça marcher dans la sloche! », me lance le sympathique joueur de centre alors que nous faisons le tour du bloc après l'entraînement matinal. À nos côtés, le grand Américain abonde dans le même sens en même temps qu'il promène son chien Fluffy : « Moi aussi, je trouve ça relaxant. À chaque début de saison, j'suis un peu stressé pis j'ai de la misère à scorer. Mais là, j'suis zen en simonac! J'adore l'arrivée de l'hiver! »
J'aurais voulu réaliser une entrevue de fond, mais je n'avais qu'une quinzaine de minutes pour parler avec le duo de l'heure chez le Canadien. Ouin, y s'en venait 15 h pis je voulais éviter le trafic du pont Champlain en revenant de l'Île-des-Soeurs. Donc, je suis allé dans le vif du sujet.
– C'est important pour vous d'être détendus?
Pacioretty : C'est clair.
Desharnais : Drette ça j'allais dire.
… Bon, ça ce n'était pas une bonne question, j'avoue. Mais la prochaine est pas pire pantoute.
– Là, vous n'allez pas me dire qu'y a juste la température qui est responsable de vos récents succès sur la glace?
Pacioretty : Oui, entièrement. Quesse tu veux, moi, j'aime ça quand y pleut le soir pis que le lendemain, tout est à moitié gelé, facque tu te demandes quels souliers mettre. J'aime ça voir mon voisin spinner dans son driveway en pente parce qu'y a pas encore mis ses pneus d'hiver.
Desharnais : J'suis pareil. J'aime ça, les arbres pas de feuilles pis déneiger mon char le matin alors que j'suis juste en coton ouaté! C'est le meilleur temps de l'année!
– Mais toi Max, y a aussi la déclaration que t'as faite au milieu de novembre comme quoi votre système de jeu était prévisible. Ne me dis pas que ça t'a pas fouetté? T'as scoré un tour du chapeau la game d'après! Pis toi, David, ben t'as finalement débloqué ce soir-là!
Desharnais : C'est une coïncidence, y avait eu de la neige dans le nord, la veille.
– Ouin, mais… c'tait dans le nord!
Desharnais et Pacioretty : Ah! pour moi, c'tait un signe de jour de joie à venir!
Pacioretty : Eille, on l'a dit en même temps!
Les deux hommes s'accrochent le petit doigt et ferment les yeux.
– Ok, c'est à ce point-là, votre affaire?
Pacioretty : Ben David, c'est mon meilleur ami.
– … Mais à part ça, je voulais savoir une chose : qui, d'après vous, a aidé le plus l'autre à démarrer offensivement?
Desharnais : Max m'a aidé le plus.
Pacioretty : Ben non, c'est toi David!
Desharnais : Arrête, je t'appelais tout le temps au milieu de la nuit pour pleurer que j'allais prendre ma retraite! Pis en plus, tu m'as défendu contre le gros Coderre! Moi qui avais voté pour lui en plus!
Pacioretty : Pis moi, quand je me réfugiais chez vous quand je trouvais pu Fluffy? C'est ben pire!
– Scusez, scusez, j'veux pas vous interrompre là, mais c'parce que le temps file pis..
Pacioretty : Attends une minute, y est où Fluffy?
Le gros ailier regarde autour de lui, la panique dans les yeux. De son côté, David ne semble pas trop savoir quoi faire.
Pacioretty : FLUFFYYYYYY! FLUUUUUFFFFFYYYY! Ah! non, je l'ai lâché quand on a fait notre voeu!
Desharnais : C'est ma faute, c'était mon idée! Je m'excuse! On va le retrouver, je te le promets!
Desharnais : Pense pas à ça, Max, pense pas à ça. Désolé M. Corboz, mais va falloir remettre l'entretien.
– Oui, non, pas de trouble. Je… je devais y aller justement. On se reprendra, hein?
Mais ils ne m'entendirent pas, les deux s'éloignant au pas de course en regardant sous les voitures stationnées dans les entrées de garage. Le futur immédiat de l'offensive du CH se retrouve maintenant sur les épaules d'un poodle blanc égaré.