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Les gens voient beaucoup la récupération de façon localisée en pensant à la région qu’ils viennent de travailler, et oublient que le corps est un tout qui doit être considéré dans toute sa globalité. Ainsi, si le système dans son ensemble ne fonctionne pas à pleine capacité ou est déficient en l’une de ses composantes principales, n’espérez pas faire des gains quels qu’ils soient.
La récupération se fait sur plusieurs plans : énergétique, tissulaire, hormonal et neurologique. Les besoins du premier sont faciles à combler. Si vous prenez soin de manger suffisamment de calories et d’avoir une alimentation équilibrée, vous referez le plein de ressources énergétiques et fournirez à votre organisme tout ce dont il a besoin pour satisfaire ses besoins. À ce sujet, je vous suggère entre autres la lecture de mon article sur comment manger lorsqu’on fait de l’activité physique. Pour ce qui est des hormones, sur lesquelles l’activité a une forte influence, tout revient normalement en ordre le lendemain matin après un cycle circadien, du moins si vous avez bien dormi. Si ce dernier point est un problème pour vous, vous devriez vous pencher sur la question, car cela peut devenir problématique à long terme. Si cela semble vous concerner, je vous suggère la lecture de mes articles sur 15 trucs pour vous aider à dormir et comment s’alimenter pour mieux dormir. En ce qui concerne la reconstruction des tissus musculaires, celle-ci dépend grandement de votre plan d’entraînement, lequel devrait judicieusement être planifié de façon à assurer une récupération efficace et optimale des régions sollicitées. Si vous avez été assez consciencieux pour faire appel aux services d’un professionnel qualifié, ça ne devrait pas être un problème. Celui qui est le plus négligé et qui surprend le plus sournoisement, c’est le système nerveux!
En effet, de tous ces systèmes qui doivent récupérer de vos séances d’entraînement, le système neurologique est le plus oublié et c’est pourtant probablement le plus important, car tout commence par le cerveau et son système de messagerie. Il ne faut jamais oublier que le travail intensif utilise et épuise le système nerveux, et que celui-ci est aussi soumis à d’autres agents stressants qui affectent ses performances et sa récupération tels que le travail intellectuel, le moral, les responsabilités, la fatigue, l’environnement, la qualité du sommeil et toutes ces petites choses qui vous tracassent et trottent dans votre tête. Imaginez un peu votre cerveau comme étant un ordinateur qui doit faire « rouler » en permanence des tâches de fond et auquel vous demandez d’exécuter une nouvelle application. Plus ce dernier est occupé et plus ses performances en seront affectées… et qu’arrive-t-il lorsque la demande dépasse ses capacités de gestion? Eh oui, il plante! Le système nerveux est plus fragile que vous ne pouvez le penser et il faut le prendre en considération dans votre planification d’entraînement.
C’est pourquoi j’utilise depuis déjà plusieurs années ce qu’on appelle le « désentraînement stratégique ». Il s’agit en fait d’une période prédéterminée où on laisse le temps au corps de refaire le plein pour repartir à neuf. Cette pratique permet en même temps d’éviter les blessures et les troubles chroniques en lien avec l’accumulation, car on permet aussi aux tissus musculaires de surcompenser et même de se « resensibiliser » au stress de l’entraînement. Pourquoi est-ce si important? À cause du problème de l’immunisation au stimulus.
Le corps est une machine en constante adaptation. Pour assurer sa survie et aussi dans une recherche d’efficacité, celui-ci s’adapte en permanence à son environnement. C’est entre autres pour cette raison que des modifications doivent être apportées de temps en temps à tout programme d’entraînement. Mais la variété n’est pas suffisante pour des résultats croissants à long terme, car d’une part, le corps a ses propres limites (comme nous venons de le voir) et, d’autre part, il finit un jour ou l’autre par s’accommoder à son environnement. C’est comme lorsque vous commencez à boire du café : au début, vous ressentez l’effet stimulant, puis soudainement, il vous en faut deux ou trois pour ressentir les mêmes effets… vous faites alors l’expérience de la grande capacité du corps à s’accoutumer et à se « désensibiliser ». Arrêtez d’en boire pendant un mois et vous verrez comment l’effet sera fidèle au rendez-vous dès votre première tasse de café! C’est la même chose pour l’entraînement, alors que le corps s’habitue au stress mécanique de l’exercice physique dans le but d’économiser ses efforts et de faciliter son acclimatation… sauf que cela veut aussi dire qu’il minimise par le fait même le potentiel de croissance. Ceux qui ont l’impression d’atteindre un plateau ou qui ne semblent tout simplement plus voir de résultats sont en réalité victimes de cet effet. Et bien sûr, le premier réflexe est de vouloir augmenter davantage le stress appliqué, mais le problème n’est pas là et c’est pourquoi les nouveaux efforts ne se traduiront pas par plus de résultats. Ce qu’il faut, c’est plutôt un petit « formatage » de l’ordinateur pour qu’il puisse repartir à pleine capacité.
Les gens réalisent cet effet souvent malgré eux, lorsqu’ils ont été forcés de prendre une pause du gym pour une certaine période de temps à cause d’un contretemps. À leur retour, ils sont alors surpris de voir à quel point ils sont courbaturés comparativement à leur état avant leur départ. Ce qui s’est passé, en réalité, c’est que sans vraiment le faire de façon consciente ou volontaire, ils ont permis à leur corps de se désensibiliser à l’entraînement et de repartir frais et dispos!
Au début, certains sont sceptiques ou se sentent coupables lorsque je leur parle de « désentraînement stratégique » pour la première fois. Après quelques cycles par contre, ils ne peuvent qu’en apprécier les bienfaits et en viennent même à ressentir le moment où leur corps leur fait signe qu’il en aura bientôt besoin. Cet autre aspect, la conscience du corps et de ses besoins, en est un autre qui est trop souvent négligé et qui aurait avantage à être développé. Personnellement, je recommande à tous mes clients de prendre systématiquement une semaine de « désentraînement stratégique » toutes les huit semaines. C’est souvent pendant cette semaine de « repos forcé », la neuvième, que nous établirons le prochain programme qui débutera la semaine suivante pour un nouveau cycle de deux mois. Évidemment, des ajustements peuvent être apportés pour accommoder, comme pour le temps des fêtes, mais une personne qui suit systématiquement cette règle très simple se retrouvera à la fin de l’année à avoir pris l’équivalent de plus d’un mois de vacances, mais réparti intelligemment tout au long de l’année. Ainsi, cette personne n’aura pas l’impression de se « vider » avec le temps et de finir l’année épuisée, comme je le vois souvent, avec le sentiment désagréable de se diriger vers un burn out ou d’avoir besoin de prendre un congé pour une période indéterminée.
Il est important ici de comprendre que je ne parle pas de récupération active, mais bien d’un repos qui a pour but de donner au corps l’opportunité de reprendre le dessus et d’offrir un plein potentiel d’adaptation à son retour. Ça peut par exemple être le moment idéal pour planifier un voyage ou une semaine de vacances. Cela ne veut pas dire non plus de se laisser aller sans bornes, mais plutôt de permettre au corps de se « resensibiliser ».
Sur ce, profitez bien de vos vacances et passez de joyeuses fêtes!!!
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