Un intéressant article de Mark Koba, de NBC news Business, nous apprenait il y a quelques jours que parmi les quatre circuits sportifs nord-américains majeurs, trois éprouvent des problèmes à remplir leurs stades.
Le hockey gagne en popularité
La LNH est le seul qui a enregistré une hausse aux guichets. Malgré la saison écourtée en raison du lock-out, 2012-2013 a été la troisième année consécutive où la Ligue a vu ses ventes de billets augmenter.
La LNH, en plus d’avoir instauré un nouveau barème financier pour le plafond salarial suite au conflit de travail qui a paralysé ses activités cet hiver, a vu sa cote de crédit augmenter la semaine dernière, selon ce que rapportait le réputé site Bloomberg.com.
Le montant accordé à la Ligue nationale de hockey est donc passé de 400 à 600 millions de dollars.
Le déménagement de la franchise d’Atlanta vers Winnipeg avait grandement aidé ces chiffres il y a quelques années, mais ce ne fut pas le cas cette saison.
La Ligue a non seulement survécu au lock-out, elle n’a pas eu besoin de quitter le marché difficile de l’Arizona et elle a réussi à être plus performante aux guichets que la NFL, la NBA et le baseball majeur.
Ouverture prochaine d’un bureau de la LNH en Europe
Par ailleurs, Chris Johnston, du réseau Sportsnet, rapportait que la LNH prévoit ouvrir un bureau en Europe d’ici la fin de l’année 2013.
Bien sûr, la perspective de faire renaître la Victoria Cup, qui opposerait des clubs de la LNH aux différents champions des ligues européennes, y est pour quelque chose, tout comme la clause comprise dans la nouvelle collection collective qui stipule que chaque équipe de la LNH devra aller disputer des rencontres en Europe avant la fin de l’entente entre la Ligue et l’Association des joueurs, mais est-ce que le circuit nord-américain a vraiment besoin d’un pied-à -terre sur le Vieux-Continent dans notre ère de technologies des communications? Pas du tout.
La KHL en plein développement
La Ligue de hockey continentale de Russie (KHL) a, elle aussi, profité du lock-out de la LNH en attirant des vedettes avec ses équipes.
Le départ récent d’Ilya Kovalchuk des Devils du New Jersey, un des joueurs les mieux payés de la LNH, pour le SKA de Saint-Petersbourg est la preuve que la KHL peut désormais rivaliser avec son compétiteur américain.
La croissance de la KHL est indéniable : deux nouvelles franchises se sont jointes au circuit en vue de la saison 2013-2014, l’Admiral de Vladivostok et le Medvescak de Zagreb, en Croatie.
Un autre club est dans la mire des dirigeants de la KHL, le Jokerit d’Helsinki, de la SM-liiga. Il pourrait devenir le 29e club à l’ouverture de la saison 2014-2015.
L’expansion du circuit continental est donc un projet concret et l’arrivée de la Finlande viendrait bouleverser le marché du hockey européen en faisant en sorte que la KHL soit présente dans neuf pays!
Rappelons qu’en juin 2012, la KHL avait présenté un plan qui proposait une expansion qui porterait le nombre de clubs à 64, répartis dans 22 pays!
Déjà , la formation italienne du Rossoblu de Milan avait prévu rejoindre la KHL la saison dernière, mais le transfert a été retardé en raison de l’aréna trop petit pour les standards du circuit. Un nouvel amphithéâtre est présentement en construction.
Un groupe de la Suisse a également démontré un intérêt créer une équipe d’expansion à Huttwil pour la saison 2014-2015.
Les pays de l’ex-URSS, la Lituanie, le Belarus et l’Ukraine ont aussi fait part de leur intérêt d’obtenir une franchise de la KHL. Tout comme la Pologne.
Certaines personnes ont exprimé l’espoir d’élargir la KHL dans plusieurs pays d’Asie de l’Est, dont la Chine, le Japon, la Corée du Sud et même la Corée du Nord.
La LNH laissera-t-elle son grand rival lui couper l’herbe sous le pied en s’implantant un peu partout en Europe?
La rivalité financière
Étant donné que la LNH répond avant tout à une logique financière et non sportive, elle a intérêt en effet à tout mettre en Å“uvre pour procéder à une expansion sur le sol européen, s’ils ne le font pas, les dirigeants de la KHL le feront et cette dernière deviendra la première ligue au monde.
La confirmation de la présence des joueurs de la LNH aux Jeux olympiques de Sotchi joue clairement un rôle dans ce mouvement.
L’ouest de l’Europe et les pays scandinaves représentent des marchés sains et économiquement viables. On parle de grandes villes, d’un bassin d’amateurs déjà conquis par le hockey et de la possibilité d’obtenir de lucratifs contrats de télédiffusion, ainsi que de nouveaux commanditaires. On parle non pas de millions de dollars, mais bien des milliards!
Un des deux grands circuits de hockey professionnels s’y installera quoi qu’on en dise. La mondialisation touche tous les secteurs économiques et le domaine sportif n’y échappera pas.
Le commissaire adjoint de la LNH, Bill Daly, avait d’ailleurs été interrogé en 2009 sur la possibilité de voir une expansion en Europe s’opérer dans la décennie qui suivait :
« C’est une priorité pour nous. Il s’agit de l’une de nos principales opportunités de croissance. »
Il a d’ailleurs abordé à nouveau le sujet d’une expansion cette semaine. Vous pouvez voir la courte vidéo ICI.
La LNH s’est déjà servie de l’Europe pour promouvoir son produit : sa popularité mondiale a littéralement explosé avec l’arrivée des joueurs européens. Après avoir été puisé les meilleurs talents de l’autre côté de l’Atlantique, elle pourrait bien choisir d’aller tâter le terrain avec une expansion.
De plus, elle y gagnerait inévitablement en offrant des matchs à des heures qui conviendraient aux téléspectateurs européens, avec des commentateurs francophones et allemands. L’offre télévisuelle est présentement limitée à l’anglais en provenance de réseaux américains.
Si jamais l’expérience ne s’avérait pas être un succès sur toute la ligne, les nouveaux partisans conquis deviendraient d’excellents clients pour NHL Game Center.
Les entraves à la LNH eu Europe
Bien sûr, il y a la question du décalage horaire. À titre d’exemple, le Royaume-Uni a cinq heures d’avance sur la Côte Est américaine et huit heures sur la côte Ouest. Cependant, il est important de considérer l’expérience de la KHL.
Il y a neuf heures de décalage entre les clubs situés les plus à l’ouest et ceux de l’est. La ligue a prouvé qu’un calendrier bien adapté fait en sorte que la situation ne représente pas un si gros obstacle.
Ensuite, on doit considérer l’autorité de la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF). Son président, René Fasel, avait répondu de cette façon, lorsque son opinion fût sondée en 2010 sur la venue de la LNH en Europe :
« C’est notre territoire et je me battrai comme un diable pour ne pas permettre à quiconque de venir de l’étranger. »
Il faut également tenir compte du prix des billets. Prenons l’exemple d’une équipe de la LNH qui connaît du succès, sans être une des grandes franchises, le Wild du Minnesota. La saison dernière, un billet moyen se situait aux environs de 80 dollars américains.
En Suisse, il est possible de se procurer les meilleures places disponibles pour un match du HC Fribourg-Gottéron, un des clubs les plus emblématiques du pays, pour 65 francs suisses, soit environ 70 dollars américains.
En Finlande, si vous déboursez 25,50 euros, donc, 30 dollars américains, vous avez les meilleures places, du moment que vous arriviez tôt au match!
Est-ce que les amateurs européens seront prêts à payer plus pour satisfaire les exigences de la LNH? D’autant plus que les amphithéâtres sont beaucoup moins spacieux et contiennent en moyenne 4000 sièges de moins en Europe que ceux en Amérique.
Pour le moment, la LNH a un avantage sur la KHL, elle possède davantage d’expertise et de ressources afin de prendre le risque de s’implanter dans l’ouest de l’Europe.