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« VINS NATURELS » : QU’EN EST-IL?

L’ajout de soufre au vin remonte au 16e siècle. Avec les travaux de Louis Pasteur à la fin du 18e siècle, l’Å“nologie moderne s’est développée, le sulfitage s’est généralisé et est devenu abusif. Qu’en est-il aujourd’hui?
 
Bon nombre de consommateurs s’inquiètent, avec raison, de l’ajout d’adjuvants ou d’additifs tel le soufre dans les pinards que nous buvons. Heureusement, chez les producteurs consciencieux, l’amélioration des pratiques vitivinicoles jumelées à l’Å“nologie moderne permet de diminuer les doses de SO2 ajoutées aux vins.
 
Le retour du pendule

Dans les années 60 et 70, bon nombre de vins français devenus minces, voire maigres, se sont transformés dernièrement en vins de garage hyper-concentrés. Critiqués par de nombreux puristes, voilà qu’ils rétablissent l’équilibre en produisant des vins pleins et savoureux mais sans lourdeur. Le sulfitage semble prendre la même route. Nous sommes passés de l’usage abusif à son absence complète, ce qui a engendré cette nouvelle religion d’adeptes de vins dits « naturels ».

Aujourd’hui, nous retrouvons de plus en plus de producteurs sérieux qui minimisent l’utilisation du SO2. Le vin zéro soufre, c’est impossible, car le processus de fermentation produit du SO2. Lorsque son dosage demeure raisonnable, ses vertus bienfaisantes sont connues : antiseptique, antioxydant, acidifiant, il permet aussi de renforcer la couleur, la teneur en tanins et en arômes du vin. De l’autre coté de la médaille, en plus d’être à proscrire pour les personnes asthmatiques, il est toxique à fortes doses et peut provoquer des maux de tête et d’estomac.
 
La production de vins dits « sans soufre Â» est un exercice des plus risqués. Ces pinards instables et souvent oxydés perdent rapidement les caractéristiques typiques de leurs cépages et terroirs. En d’autres mots, on leur reproche de se ressembler. Aux yeux des puristes qui recherchent un produit naturel, les qualités organoleptiques du produit deviennent parfois secondaires. Ils préfèrent louanger l’effort, tout en acceptant les déviations.
 
Étant plus sensibles à l’oxydation, les vins blancs, rosés et liquoreux sont généralement davantage soufrés. Pour les amateurs qui désirent se faire une opinion sur ces produits sans soufre, il vous faudra visiter les restos/bars à vins branchés de votre quartier, car les « sans soufre » ne contiennent pas le minimum requis de SO2 établi par le laboratoire de la SAQ et ne peuvent être distribués dans nos magasins d’état. Ces vins naturels sont vendus par les agents importateurs aux établissements désireux d’offrir ces produits branchés aux amateurs avertis à la recherche de nouveautés… et de discussions vinicoles animées.
 
Puisque vendus à la SAQ, voici quelques suggestions qui contiennent un peu de sulfites :
 
87 La Segreta 2011 IGT Sicilia, Planeta, Italie 17,15 $ 741264  
Sachez qu’une bouteille avec capsule à vis est davantage étanche et exige habituellement une quantité inférieure de sulfites ajoutés. Un bel assemblage de cépages autochtones (grecanico et fiano) et internationaux (chardonnay et viognier) qui plaira sûrement aux amateurs de blancs, légers, fruités et savoureux à souhait. Son nez aromatique non boisé propose des arômes de poires et de pommes. Une tendre acidité assure un bel équilibre. Un blanc exquis avec les crevettes grillées.
  
88 Pouilly-Fuissé 2011 Bourgogne, Boisset, France 24,95 $ 11675708
Ce chardonnay Bourguignon à peine boisé séduit par ses arômes de fruits blancs et de pierre à fusil (minéralité). Un blanc équilibré dans un style fin et élégant. Une acidité bien présente et une pointe d’amertume lui apportent fraîcheur et persistance. Un beau blanc à découvrir avec l’espadon grillé.
 
Et d’excellents rouges :
89 Carinena Reserva 2005 Aragon, Monasterio de las Vinas, Espagne 15,10 $ 854422
Élaboré dans un style plutôt traditionnel avec les cépages grenache, tempranillo, carinena et cabernet sauvignon. Son nez évolué et complexe dégage des notes animales et d’humus. Cet excellent rapport qualité/prix charme grâce à sa souplesse et son originalité. Bon vin de tous les jours moyennement corsé à déguster avec la joue de veau braisée.
 
90 Crozes-Hermitage 2009 Guigal, France 25,65$ 739243
Dans un style mûr (le millésime) et élégant, ce Crozes séduit grâce à ses saveurs pleines et rondes. Pureté de fruit, riche et structuré, son nez de fruits noirs bien mûrs et de viande fumée charme l’odorat. Plutôt riche et solide pour cette appellation, cet excellent cru pourra vieillir quelques années (3 à 5 ans). Une union plus que parfaite avec un sauté de bÅ“uf et légumes à l’orientale.
 
89 The Navigator 2009 Hawkes Bay, Alpha Domus, Nouvelle-Zélande 23,75 $ 11305643
Un bel assemblage Bordelais de merlot (40 %), cabernet sauvignon (35 %), cabernet franc (13 %) et malbec (12 %). Pour l’amateur de Bordeaux, il faut absolument découvrir les pinards provenant de la région de Hawkes Bay. Cet excellent cru néo-zélandais surprend par son équilibre et sa fraîcheur. Son nez de fruits noirs et de poivrons rappelle les vins du Médoc.  Pour un mariage harmonieux, choisissez un gigot d’agneau.

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