Aller au contenu
Vous n’aurez pas compris/La grève étudiante

La musique, dit-on, adoucit les mÅ“urs. Au moment où les lampions de la fête de Pâques s’éteignent, où la recherche des cocos de Pâques bat son plein et où la polémique s’enfle entre les étudiants grévistes et non-grévistes, le gouvernement et une partie de l’opinion, il est peut-être temps de faire « méditer Â» à tous ces paroles tirées d’un chant du temps pascal : « Vous n’aurez pas compris, lorsque viendra mon heure, vous n’aurez pas compris grand-chose à ma chanson [ma grève ou à notre refus de céder], vous n’aurez pas compris mais qu’il faut que je meure [nous nous mettions en grève] pour qu’à votre folie [à l’arrogance ou à l’orgueil des uns et des autres] soit donné le pardon [la compréhension et la discussion]… vous n’aurez pas compris, vous fermerez vos portes, vous fermerez vos cÅ“urs au soleil de l’amour et vous ennuierez, lamentables coureurs, vers d’autres horizons qui reculent toujours, ô Gethsémani, la lune danse dans les arbres… Ô Gethsémani, le vieux pressoir est plein de fruits, vous n’aurez pas compris la beauté du message que je vous apportais en frémissant de joie, vous n’aurez pas compris, vous croyez être sage en clouant la sagesse au gibet de la croix et profaner toute la paix du monde [Québec]… »

En fredonnant cette chanson, il est amusant de voir à quel point les décideurs d’aujourd’hui et ceux de demain se « battent Â» avec une incompréhension déconcertante et un entêtement de chiffonniers se disputant une vieille couverture. Qui gagnera cette mise au jeu? Il faudra sonder les cÅ“urs et les reins des uns et des autres. Dans ce « dialogue cacophonique» de sourds, tous ont tort, tous ont raison! Qui sont les protagonistes de cette tragi-comédie québécoise en plusieurs actes? D’un côté, les étudiants, les intellectuels, aptes à jongler avec les concepts et adeptes des compromis! De l’autre côté, un gouvernement, « bien outillé Â» qui gouverne, c’est-à-dire analyse, prévoit et anticipe au besoin… Mais cette-fois-ci encore, point de tout!

Au nom de quoi « se battent-ils »? De l’éducation! Ah! si Pierre Bourdieu pouvait revenir et suivre ce débat sur l’accessibilité à l’école! L’École est-elle une institution capitaliste, socialiste ou sociale-démocrate? Allez donc savoir. Vous comprendrez que beaucoup de ceux qui parlent de cette institution y sont ou en sont sortis sans savoir de quel bord idéologique se trouve l’École. Ont-ils perdu leur mémoire et leurs facultés? Ils ne se souviennent plus!

Et les caves qui assistent à la mise au jeu? Ils sont de ce bord-ci et de l’autre. Les premiers sont des Â« maîtres des savoirs» qui ont perdu leurs facultés du dialogue et du compris. Mais, lorsqu’ils auront fini de battre le pavé aujourd’hui et demain, ils retrouveront leurs facultés. Ils se souviendront. Ils dirigeront le Québec. Vers quelle destination? Si la tendance se maintient, vers la direction qui se dessine aujourd’hui sous nos yeux : incompréhension et refus du dialogue. Les seconds sont amnésiques. Ils ne se souviennent plus! Plus ça change, plus c’est pareil! Belle exception bien québécoise! À ceux qui s’inquiètent d’une éventuelle session blanche, vous n’aurez pas compris que si le grain de blé tombé en terre ne meurt, il ne porte des fruits! Vous ne vous souvenez plus? Moi, je me souviens! Alors, vous n’aurez pas compris la beauté du message étouffé par l’orgueil des uns et l’arrogance des autres.

Plus de contenu