Je n’aime pas le sensationnalisme. De un, parce que ça répand bien souvent des informations biaisées et de deux, parce que ça s’apparente davantage à du remplissage de colonnes qu’à du vrai journalisme. Malheureusement, nous sommes souvent confrontés à des nouvelles à saveur sensationnaliste, notamment lorsque les médias ramènent au jour des cas controversés avec des nouvelles sans intérêt. Le dernier exemple, et non le moindre, illustrant cela est celui du Dr Guy Turcotte et de son vélo.
Voyez-vous, cette semaine, plusieurs médias ont rapporté que le tristement célèbre cardiologue a droit depuis peu à des sorties sans surveillance. Le Dr Turcotte part ainsi le matin vers 9 h à vélo afin de bénéficier de ses huit à seize heures de sortie sans escorte. Selon les informations divulguées, le médecin emprunte la piste cyclable à proximité de l’Institut Philippe Pinel afin de se rendre à Pointe-aux-Trembles. Jusqu’à preuve du contraire, il n’enfreint aucune condition lui étant imposée et cela ne contrevient nullement à ses conditions de détention.
D’où ma question : est-ce vraiment nécessaire? Je veux dire, était-ce vraiment utile de dire que Guy Turcotte part le matin en vélo pour la journée? Si cela contrevenait à ses conditions, si Turcotte défiait les autorités en effectuant des sorties non autorisées, je pourrais comprendre l’intérêt des journalistes de se pencher de nouveau sur ce cas en ce moment. Sauf qu’on spécifie clairement que cela n’est pas le cas. Pire : lorsque le Tribunal administratif du Québec (TAQ) a rendu sa décision en juillet dernier, on savait que Turcotte aurait droit à ces sorties sans surveillance si cela ne contrevenait pas à son plan de soins. Bref, on savait que Turcotte sortirait sans escorte vers la fin de l’été, d’où mon questionnement quant à la pertinence de cette nouvelle dans les médias.
Je comprends que les gens soient outrés par cette affaire et je ne tente aucunement de minimiser les actes de Turcotte (même si je suis criminologue, cela ne m’empêche aucunement d’être outré par certains crimes!). Je comprends que plusieurs ne soient aucunement en accord avec le verdict rendu par le jury ni avec la décision du TAQ d’octroyer au médecin des sorties sans surveillance si tôt. Je peux aussi comprendre ceux dénonçant le laxisme des professionnels de Pinel. Dans ce dernier cas, cependant, je peux vous dire par expérience que le personnel traitant a les mains plus liées qu’on le pense. Si le Dr Turcotte respecte ses conditions, qu’il accepte l’aide et les conseils qu’on lui fournit et qu’il suit son plan de traitement, il est difficile d’empêcher les sorties du cardiologue. Comment le personnel traitant pourra-t-il se justifier en l’absence de preuves démontrant solidement la dangerosité de Turcotte au point de lui refuser ses sorties sans surveillance? S’ils n’ont pas de bonnes preuves ni de bons arguments, ils patineront lors de la prochaine audition du TAQ, surtout lorsque l’avocat de Turcotte leur demandera des explications. C’est plate, c’est injuste selon certains, mais c’est comme ça.
De toute façon, la question n’est pas là . Je questionne simplement la pertinence de la « nouvelle » des sorties sans escorte de Turcotte compte tenu que c’est une information que l’on savait déjà . Il me tarde déjà de voir la une de certains journaux quand Turcotte enfourchera ses patins à roues alignées… ou ses skis de fond!