« XIII Mystery : Billy Stockton » : la triste histoire d'un enfant qui a perdu ses parents et qui est devenu fou
Auteur: Philippe MichaudUne triste histoire
L’histoire de Billy Stockton est triste. Alors qu’il n’a que 4 ou 5 ans, il perd ses parents dans l’accident de leur petit avion. Installé sur le banc arrière, il s’en sort miraculeusement. Bien que ses parents soient très riches, ils n’ont pas de parents proches. Le petit est donc envoyé chez son oncle et sa tante, d’humbles fermiers.
L’orphelin a beaucoup de difficulté à s’adapter à son nouveau style de vie, surtout que ses parents adoptifs ne sont pas les plus tendres au monde. Autoritaires et dénués de compassion, ils ont beaucoup de difficulté à comprendre Billy, qui préfère vivre en solitaire et passer le plus clair de son temps dans les bois environnants.
C’est d’ailleurs dans la forêt toute proche qu’il fera une rencontre qui va le hanter pour le reste de sa vie et le mener à commettre l'irréparable une fois qu'il aura atteint la majorité.
Comprendre avant de juger
Ce sixième tome nous permet de mieux comprendre ce drôle d’oiseau. À première vue, il peut être facile de tomber dans le jugement et de le traiter de détraqué, mais après avoir lu son histoire, on peut être porté à éprouver une certaine compassion pour le personnage.
Que l’on soit attendri ou non par son histoire, cela n’excuse en aucun cas les gestes horribles qu’il a commis. Aussi, ce n’est pas parce qu’on perd ses parents quand on est encore enfant que l’on devient automatiquement un meurtrier. Je ne vous apprends rien ici.
Il reste que Billy n’a pas été choyé par la vie et qu’à la suite de la mort de son père et de sa mère, il aurait peut-être été plus sage de l’envoyer dans un autre endroit et de lui offrir un quelconque soutien psychologique. On a voulu se débarrasser de lui en l’envoyant au fin fond d’une campagne sans trop penser à ce que ça donnerait 15 ans plus tard. Il s’agit d’une autre victime du système.
Entre biographie et thriller
Du point de vue du scénario, Laurent-Frédéric Bollée a voulu construire son ouvrage en deux parties. Il y a d’abord celle où on découvre plusieurs parcelles de l’enfance du personnage. C’est là qu’on se rend compte, à mesure que l’on tourne les pages, qu’il est instable et qu’il aurait peut-être besoin d’aide.
La deuxième partie, un peu plus courte et bâtie sous la forme d’un thriller, nous montre Billy jeune adulte. Il a fière allure et semble même avoir fait table rase de son passé. Malheureusement, il ne faut pas se fier aux apparences et sous sa carapace se cache un être encore fragile. Il prépare quelque chose, mais on ne sait pas quoi exactement. Il va falloir attendre jusqu’à la dernière page pour connaître ses plans.
À mon sens, même si j’ai préféré le deuxième acte, les deux parties ont la même force dramatique et l’une ne peut aller sans l’autre. Ce qui m’a surtout plu dans la seconde partie, c’est qu’on est en présence d’un être imprévisible, dont les actions ne cessent de nous surprendre. Comme lecteur, j’aime être surpris et je peux dire que le scénariste a ici accompli sa mission.
Au dessin, on retrouve Steve Cuzor. À mon humble avis, le dessinateur français ne s’est pas trop écarté de l’essence de la série. Les visages, même s’ils comportent beaucoup de traits fins, demeurent réalistes. Les décors, de leur côté, sont variés et assez détaillés. Ils sont peut-être un peu ternes, mais à mon sens, ça permet d’apporter du sérieux à l’œuvre. Après tout, XIII Mystery ne raconte pas l’histoire d’un enfant de chœur…
Verdict
Au final, avec XIII Mystery : Billy Stockton, Laurent-Frédéric Bollée et Steve Cuzor ont fait du bon travail en nous présentant la triste et surprenante histoire d’un personnage un peu méconnu de la série, mais qui vaut assurément le détour.
Cote : 4 étoiles sur 5
Laurent-Frédéric Bollée et Steve Cuzor
Éditions Dargaud